Pierre Guyomar (1757-1826)

Pierre Guyomar (1757-1826)

 

Pierre Guyomar : un homme politique Guingampais injustement méconnu

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Voir aussi « ils ont donné leur nom à une rue »

Par M. Thierry Kerisel

Aux trois questions suivantes, quelle serait votre réponse ?

  • Qui est le député des Côtes-du-Nord, très en avance sur son temps, qui a proposé en 1793 à la Convention nationale l’égalité complète de droits de la femme ?
  • Quel est le député de ce même département qui siégea successivement dans le cadre de trois assemblées parlementaires et trois constitutions différentes, ce qui n’est pas banal, et, après avoir participé à la fondation de la République, resta toujours un ferme républicain, au contraire de bien d’autres qui furent des « girouettes », retournant leur veste sous l’Empire ou la Restauration pour obtenir faveurs, nominations, titres ou décorations ?
  • Quel est le maire d’un chef-lieu d’arrondissement élu par ses concitoyens en 1790 au début de la Révolution, redevenu, 20 ans plus tard, maire mais cette fois nommé en 1813 par l’empereur Napoléon 1er lorsque l’empire vacille, révoqué en 1814 lors de la restauration par le roi Louis XVIII au mépris de la Charte constitutionnelle, puis renommé maire en 1815 par Napoléon durant les Cent-Jours ?

Il est probable que peu donneraient la réponse, car le personnage est très injustement méconnu. Il s’agit du guingampais Pierre Guyomar (1757-1826). Pourtant, celui-ci a exercé successivement et presque continûment durant près de 30 ans (1786 à 1815) huit mandats politiques, dont certains très importants (Conventionnel, député au Conseil des Cinq-Cents, député au Conseil des Anciens), au cours des époques très contrastées qu’il a traversées (Ancien Régime, Révolution, Consulat, Empire et Restauration).

En particulier, dans le cadre de l’élaboration d’une nouvelle Constitution, il présente le 29 mars 1793 à la Convention nationale un plaidoyer extrêmement bien argumenté en faveur d’une égalité de droits de la femme. Son mémoire n’a alors que peu d’échos : les révolutionnaires cantonnent la femme à son foyer et ne lui laissent pas d’autre choix que d’être une bonne épouse et une bonne mère, d’aimer son mari et d’éduquer ses enfants. Mais le discours de Pierre Guyomar reste depuis et encore de nos jours très souvent cité en France et à l’étranger comme une contribution majeure à l’émancipation de la femme. De même, Pierre Guyomar s’oppose clairement à toute forme de racisme et ceci le conduit, avec ses collègues de la Convention, à abolir l’esclavage le 4 février 1794.

Pierre Guyomar est aussi un homme courageux, défendant, au péril de sa vie, durant la Terreur, plusieurs de ses collègues conventionnels mis en accusation, dont le célèbre Condorcet.

L’existence de Pierre Guyomar (1757-1826) a chronologiquement encadré celle de son illustre cadet Napoléon Bonaparte (1769-1821), qu’il rencontre plusieurs fois. Mais, le républicain Pierre Guyomar est un des rares hommes qui savent et osent prendre position contre le coup d’État de novembre 1799 qui permet au général Bonaparte de confisquer la République à son profit en devenant Premier consul puis Empereur.

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Thierry Kerisel, Breton et descendant direct de Pierre Guyomar, vient combler un manque avec son livre « Un révolutionnaire Breton promoteur des droits de la femme, le Conventionnel Pierre Guyomar (1757-1826) » publié en juin dernier par L’Harmattan, qui constitue, sans complaisance familiale, la première biographie du personnage près de deux siècles après son décès. Ce livre, basé sur des recherches approfondies à tous les niveaux d’archives et l’exploitation de sources inédites, fait revivre la mémoire de l’homme politique très attachant et visionnaire que fut Pierre Guyomar. Mais aussi le souvenir d’un homme digne et bon père de famille, dévoué au bien public : il fut en plus de ses autres mandats durant près de 20 ans, entre 1801 et 1821, administrateur de l’hospice de Guingamp, défendant l’intérêt des pauvres qui primait à ses yeux sur tous les autres.

Pierre Guyomar est né et décédé dans sa maison en bordure de la place du Centre et tout près de la fontaine La Plomée, au n° 21 de ce qui est aujourd’hui dénommé rue Edouard Ollivro. Le nom de Pierre Guyomar a été attribué à une rue de Guingamp en 1910. Cette rue relie la rue Saint-Nicolas à la rue de la Trinité. Dénommée antérieurement « venelle du Four ou Saint-Nicolas » et d’une longueur de 130 m seulement, elle est fort modeste. Mais, Pierre Guyomar lui-même a toujours fait preuve de modestie jusque dans ses volontés testamentaires pour le déroulement de ses obsèques. La rue Pierre Guyomar a au moins le mérite de se trouver à quelques dizaines de mètres seulement du cimetière de la Trinité où repose celui-ci.

Pour en savoir plus et se procurer ce livre, voici le lien sur le site web de l’éditeur L’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-le_conventionnel_pierre_guyomar_un_revolutionnaire_breton_promoteur_des_droits_de_la_femme_1757_1826_thierry_kerisel-9782140204395-73558.html On peut aussi l’obtenir via Amazon, FNAC ou toute librairie.

(La miniature représentant Pierre Guyomar vers fin 1792 appartient à T. Kerisel)

 

Thierry Kerisel, décembre 2022

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