Les « béatitudes » à l’U.C.O. (ancienne caserne)

Les « béatitudes » à l’U.C.O. (ancienne caserne)

Le tableau au mur du hall de l’U.C.O. à Guingamp

 

Par M. Jean Paul ROLLAND

Dans la salle de repos, à côté du hall d’accueil de l’Université Catholique de l’Ouest (UCO), se trouve un bas-relief que presque personne ne remarque, et encore moins ne sait en interpréter le message que l’artiste sculpteur a voulu transmettre.

Ce bas-relief est une œuvre du sculpteur Claude GRUER (voir plus bas), exécutée en 1996 qui illustre les Béatitudes. Le thème a été inspiré par l’aumônier des étudiants, frère de Ploërmel, le père Thomas.

N’oublions pas que nous sommes dans une université privée d’obédience catholique. Ce bas-relief est là pour nous le rappeler !

 Que signifient les « Béatitudes » ?

Ce mot provient du latin beatitudo signifiant : « bonheur ». Au singulier, il désigne le bonheur parfait de l’être humain.

L’Ancien Testament, et par voie de conséquence tout l’Orient, a d’abord fait état d’un bonheur très matériel, avant d’en montrer peu à peu les aspects spirituels et de l’assimiler à l’immortalité promise à tous les hommes.

Dans le Nouveau Testament, Jésus proclame les « Béatitudes » dans le Sermon sur la Montagne (Matthieu chapitre 5, versets 3 à 11 ; Luc chapitre 6, versets 20 à 23). Elles promettent le Royaume de Dieu et le bonheur parfait aux pauvres, aux humbles, à ceux qui pleurent et à ceux qui recherchent la justice.

Pour le chrétien, la béatitude éternelle commence ici-bas mais ne sera parfaite qu’au-delà de la mort, dans la vision de Dieu, la résurrection de la chair et la communion des saints.

Sur ce bas-relief, on peut lire, entre les quatre scènes présentées, les huit phrases que Jésus a révélées à ses disciples et à la foule qui le suivait, dans son discours sur la montagne. Elles commencent toutes par Heureux ; c’est une invitation au bonheur. Jésus, avec ce discours, montre la direction pour entrer dans le Royaume avec lui.

Heureux les pauvres en esprit le royaume des cieux est à eux
Heureux les doux ils posséderont la terre
Heureux ceux qui pleurent-ils seront consolés
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice ils seront rassasiés
Heureux les miséricordieux ils obtiendront miséricorde
Heureux les cœurs purs ils verront Dieu
Heureux les artisans de paix ils seront appelés fils de Dieu.

Il en manque une : Heureux les persécutés pour la justice car le Royaume des cieux est à eux.

Les scènes

À gauche. C’est la pêche miraculeuse. Cette scène est rapportée par les apôtres : Luc (Lc 5,4-11) et par Jean (Jn 21,1-14). Elle est située chez l’un au début du ministère de Jésus, chez l’autre après sa résurrection.

Une nuit de pêche infructueuse, Jésus s’approche de ses disciples, parmi lesquels se trouve Simon-Pierre ; il leur ordonne de jeter à nouveau leur filet ; quand ils le tirent, celui-ci regorge de poissons.

Jésus donne à manger en abondance à ses disciples ; cette nourriture apparaît comme le signe de l’Eucharistie où Jésus se donne lui-même.

Au centre.On lui amena des petits enfants pour qu’il les touchât. Mais les disciples réprimaient ceux qui les présentaient. Jésus, à cette vue, fut indigné et leur dit (Parole rapporté dans l’évangile de Marc (Mt10, 14) : « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point. Puis il les prit dans ses bras, et les bénit, en leur imposant les mains ».

Répondant ainsi, Jésus montre que les enfants ne sont, par leur jeunesse, en rien exclus de la possibilité de croire et que la foi doit ressembler à celle d’un enfant. L’enfant est apte à recevoir la foi d’un cœur pur.

On remarque, sur devant du tableau, trois enfants qui ont quelques difficultés avec la vie. Le sculpteur a une pensée pour les enfants nés avec un handicap. Lui-même est père d’un fils trisomique.

À droite. C’est la conversion de St Paul (grand évangélisateur) sur le chemin de Damas. D’après le récit des Actes des Apôtres (Ac 9), c’est, alors qu’il se rendait de Jérusalem à Damas, pour sévir contre les disciples de Jésus dans les synagogues de cette ville, que Saül, le persécuteur, a été subitement terrassé par une apparition du Christ, qui lui dit : « Je suis Jésus que tu persécutes ».

Aveuglé par cette lumière céleste, il est alors conduit chez un disciple de Damas, Ananie, qui, malgré ses craintes, l’accueille et le baptise. Lui, le dernier de la liste, l’indigne persécuteur, « l’avorton de Dieu », est devenu, par la grâce de Dieu, l’apôtre le plus efficace de tous.

Observons bien le bas-relief

Avant de venir à Guingamp, le centre de formation des futurs instituteurs catholiques du diocèse, qui s’est inséré dans l’UCO, était à Saint-Brieuc, au Foyer Saint-Paul justement. Ce serait une sorte de passage de témoin entre les deux lieux de formation.

On voit la scène provenir de l’entrée de Jérusalem, ville située au haut à droite, et une route en sort, avec, en bas, cette scène où Saül (Paul) est renversé de son cheval par l’apparition du Christ, sur le chemin qui va de Jérusalem à Damas.

Deux personnages sont en haut à droite. S’agit-il de Tobit le père guidé par l’ange Raphaël ? Lui aussi fut aveugle un certain temps, comme le fut Paul, car le fil de Tobit, appelé Tobie, alla voir l’ange qui lui donna un remède pour guérir son vieux père. Cela peut être lu comme une préfiguration de Paul qui fut aveuglé par la lumière divine avant qu’il ne la retrouve après sa conversion chez Anamie ?

Les trois croix sont celles du Golgotha (ou mont du Calvaire, nommé aussi « Lieu du Crâne », était une colline située dans l’Antiquité à l’extérieur de Jérusalem, sur laquelle les Romains attachaient les condamnés à mort sur une crux commissa, en forme de T. Ce lieu est connu pour être celui où Jésus a été exécuté, d’après les évangiles, celui de Jésus entouré des deux larrons (le bon larron appelé Dismas ; le mauvais larron nommé Gesmas).

Qui est le sculpteur ?

Claude Gruer (1923-2013). Né à Paris, et ayant grandi à Tours, il est arrivé à Solesmes en 1943 à l’âge de 20 ans. Il y a rencontré Raymond Dubois, sculpteur habitant Juigné, dont il est devenu l’élève. En 1946 Il a épousé Marie-Madeleine Barbet qui suivait aussi les cours de sculpture de Raymond Dubois, après avoir fréquenté à Paris l’atelier du peintre Maurice Denis. Il était sculpteur à Solesmes (Sarthe) avec sa femme. Avec leurs sept enfants (tous nés à Solesmes), ils remplissaient leur maison de musique, chacun avec son instrument ou sa voix. Jérôme, leur petit dernier, porteur de handicap, les entraînera dans une aventure que, toute leur vie, ils mèneront de front avec leur création artistique. Il fut compagnon de l’ivoirier Fernand Py, et disciple d’Henri Charlier, un des plus importants artistes chrétiens de l’entre-deux-guerres. Il s’était fait un nom dans le monde de l’art religieux.

Sa femme était responsable de la polychromie de leurs créations. Ils ont ainsi fait œuvre commune pendant près de 70 ans.

Il était aussi connu pour être à l’origine de la création de l’institut médico éducatif, dont une structure toute neuve avait été inaugurée en sa présence au mois de juin 2013.

Claude Gruer et son épouse ont aussi beaucoup fait avancer l’accueil pour les handicapés. Parents de sept enfants dont Jérôme, trisomique, ils ont veillé à ce qu’il existe des structures adaptées. Avec sa femme Marie-Madeleine et avec l’aide du père Dom Clerc ils ont créé une structure qui est devenu aujourd’hui l’IME de Solesmes et qui a été inaugurée le 1er juin 2013.

 

Jean Paul ROLLAND. Février 2019

Bibliographie

  • La Sainte Bible (traduction par l’abbé A Campion Chanoine d’Amiens en 1923)
  • Dictionnaire culturel de la Bible
  • Claude Gruer – Association des Amis de l’Église de l’Immaculée…
  • Merci à Jef Philippe pour sa collaboration
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