Traouzac’h

Traouzac’h

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Arrêtons-nous sur le pont Saint-Michel et regardons le Trieux vers l’aval. À gauche, un lavoir dont la toiture a été raccourcie borde la rivière, laissant à l’air libre les marches rejoignant le pignon du bâtiment suivant. À droite, un mur de pierres de la fin du XIXe siècle soutient une ancienne voie sur berge : la rue Traouzac’h, nom orthographié Trauzac sur le plan de 1778. Ce mot breton signifie littéralement « fond de sac » soit, en bon français, « cul-de-sac » car le chemin ne menait nulle part sauf à la prairie du même nom dans le méandre du Trieux.
Après un début de destruction, la tour médiévale en fer à cheval fut inscrite à l’inventaire des Monuments historiques en 1943, avec l’ensemble des vestiges des remparts ; ce qui n’a pas empêché qu’elle soit maintenant surmontée d’une construction moderne. Avant le débouché de la rue Saint-Sauveur, on devine à sa suite le toit de la propriété de M. Bréban, imprimeur, masquée par un arbre. On trouve ensuite la petite maison de M. Le Corre, jardinier puis, invisible sur le cliché, celle de la famille Lafeuille, intendant au service des Armées, qui occupait la fonction assez obscure d’administrateur des lits militaires.

Une habitation de style vénitien

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Depuis plusieurs siècles existait à Traouzac’h un moulin à deux roues, semblable au Moulin de la Ville. Il fut détruit après 1860 et la rive droite réaménagée. Un teillage de lin tenu par Pierre Guézennec puis par son gendre Joseph Goubin le remplaça, sous le nom de moulin de la Liberté. Il enjambait la rivière en s’appuyant sur la pointe de l’île et un hangar longeait le petit bras du Trieux. Un déversoir laissait passer le courant sur la gauche. La rivière en amont était alors plus haute, permettant l’utilisation du lavoir devenue impossible depuis qu’elle a repris son cours normal.
L’établissement produisait du lin et de l’étoupe. Il commercialisait aussi des graines de lin importées de Hollande, ainsi que des produits textiles : sacs, stores, bâches. M. Goubin, qui habitait à l’angle de la rue des Ponts-Saint-Michel, se fit construire une habitation en bois de style vénitien au-dessus de la rivière. Incendiée en 1919, elle fut reconstruite. Selon certains, elle devint un restaurant ou un dancing mais nous ne connaissons pas exactement la suite. Un nouvel incendie dans les années 30 fit disparaître définitivement le moulin de la Liberté.
On peut encore en voir un vestige de mur, là où se rejoignent les deux bras du Trieux. Le sommet d’un pilier de granit qui le soutenait apparaît dans le lit de la rivière à un mètre environ de la rive droite quand l’eau n’est pas trop haute, retenant les branchages flottants.

Jacques DUCHEMIN,
pour les Amis du patrimoine
du Pays de Guingamp.

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