l’Hôpital général

l’Hôpital général

frontonTandis que l’hôtel-Dieu reçoit les «pauvres malades», un autre établissement accueille les pauvres valides des deux sexes afin de leur assurer le vivre et le couvert. Ceux qui le peuvent seront astreints à quelque travail manuel : filature de lin ou d’étoupe, tissage, vannerie, etc.; la vente des produits de leur travail aidant au financement de cet «hôpital général» qui recueille aussi les orphelins et les enfants abandonnés.

Ces maisons charitables avaient pour but de diminuer, voire de supprimer, la mendicité et d’enfermer les «errants» ou vagabonds qui peuvent être une menace pour la sécurité et la santé publique (propagation des épidémies). On les désigna parfois sous le nom d’hôpital des «pauvres enfermés».

Une lettre du roi Louis XIV à Mgr Grangier, évêque de Tréguier exprima, en 1676, le vœu que chaque ville soit dotée d’un centre d’hébergement des mendiants. A Guingamp il semble que le principe en ait été acquis en 1678. Sur le plan de Guingamp de 1778, on voit les bâtiments et la chapelle d’un tel centre, au delà de la porte de Rennes, entre la rue de la Trinité et la rue St-Nicolas. Il fallut sans doute un certain temps pour qu’il soit opérationnel : le duc de Chaulnes [1], dans une lettre du 11 mars 1680, en rappelle la nécessité. Cet établissement devait, lui aussi, fonctionner grâce à la charité des particuliers; on lui avait cependant attribué les droits du papegault [2]. Son fonctionnement était contrôlé par la municipalité (vers 1720, il peut accueillir, au maximum, 25 miséreux).

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  • – En 1681, quelques pensionnaires valides quittent l’hôtel-Dieu pour l’hôpital général qui veut bien les accueillir. Un «modus vivendi» semble donc s’établir entre les deux hôpitaux.
  • – En 1684, la ville vend à l’hôpital général quelques maisons et jardins adjacents.

Au cours du XVIII0 siècle, la situation reste difficile. Le nombre des mendiants est considérable et c’est un véritable souci.

Déjà, en 1697, on distribua 1.000 livres aux «pauvres honteux». En 1700 les pauvres mendiants valides sont incités à se retirer dans leur paroisse d’origine. Le 13 octobre, on décide, pendant la mauvaise saison (en fait jusqu’au 1° mars 1701), de donner 30 sols par jour à chaque pauvre ; ils sont 150 en ville. Pour assumer ces frais, les particuliers aisés, les ecclésiastiques et les gentilshommes supportent une «imposition volontaire» de 150 livres par mois.

A partir de 1728 l’hôpital général est placé, comme l’hôtel-Dieu, sous l’autorité de la municipalité qui nomme un «administrateur» choisi, lui-aussi, parmi les notables; en 1733 Limon du Timeur, en 1743 Alexandre Garlan, en 1755 Onfray sieur de Surville…

Les épidémies évidemment ne font pas trêve :

  • – En 1741-42, la dysenterie, contre laquelle, on préconise l’achat de 100 livres de «picacuana» (?) et poudre de co­rail anodin.
  • – En 1748, c’est le typhus.
  • – En 1774, la variole fait périr 50 % des enfants.

Devant l’aggravation de la misère et la recrudescence de la mendicité, générale dans toute la province, l’intendant proposa à la municipalité l’établissement de deux «sueurs grises» (des sœurs de St-Vincent de Paul dites de la Cha­rité).

Cette suggestion, reprise par l’évêque de Tréguier en 1751 et acceptée dans le prin­cipe, ne trouva sa réalisation qu’en 1776 : trois soeurs grises s’installèrent au centre ville. Elles soignent les malades à domicile.

Leur rôle, strictement défini, sera de se consacrer aux «pauvres malades» de la vil­le et des faubourgs, les «personnes riches et leurs serviteurs, les ecclésiastiques (s’ils ne sont pas pauvres)» n’entrant pas dans leurs attributions.

  • [1] Le duc de Chaulnes, gouverneur de Bre­tagne, chargé de la répression de la révolte des bonnets rouges, fit sentir à toute la province le poids de l’autorité royale
  • [2] Afin de stimuler l’entraînement de la milice bourgeoise, un concours de tir récompensait le meilleur tireur (à l’arc -à l’origine- puis à l’arbalète et à l’arquebuse. La cible était un volatile en métal coloré (du type perroquet) appelé papegault ou joyau.
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