Le réseau Shelburn

Le réseau Shelburn

Par M. Claude BENECH

Document en version .pdf (août 2018) : clic ici
Le livre de M. Claude Bénech est paru aux éditions Coop Breizh : voir en fin d’article.

FURIE DE L’ÉPOQUE, REFUS DE L’INADMISSIBLE, FÉRUS DE LIBERTÉ

®  Claude BENECH

Dès septembre 1940 des habitants de la région de Lanvollon cachèrent des aviateurs alliés qui étaient ensuite exfiltrés vers l’Espagne. C’est le Frère Jean Baptiste LEGEAY (Frère Clair-Marie) qui était l’un des principaux artisans de cette résistance Lanvollonnaise. Ce Frère était responsable de l’école du ROSCOAT à PLEHEDEL. Cette filière d’évasion vers l’Espagne prenait beaucoup de temps et impliquait beaucoup de monde ce qui multipliait les risques.  En novembre 41, sur dénonciation, le Frère LEGEAY est arrêté. Après un interrogatoire terrible mené par la gestapo, il sera condamné à mort et décapité à COLOGNE le 10 février 43 (le jour de ses 46 ans) avec deux autres membres exécutés plus tôt, le 20 octobre 1942 : Georges LE BONNIEC (35 ans) le garagiste de Lanvollon, père de Michel Le BONNIEC ancien commerçant Paimpolais et André MARCHAIS (51 ans) le postier. Le réseau « LA BANDE A SIDONIE » s’était spécialisée dans le renseignement. Le renseignement était l’une des composantes essentielles de la résistance à condition de pouvoir transmettre les informations aux alliés. Ces données permirent aux Anglais de programmer, entre autres, l’opération « FAHRENHEIT » au sémaphore de Plouézec. Ce réseau fut créé en 1941 par Suzanne WILBORTS (pseudo SIDONIE GIBBONS), épouse du Médecin de l’île de BREHAT Adrien WILBORTS. Plus tard, le réseau sera intégré dans « GEORGES FRANCE 31 » plus conséquent et en relation directe avec les services secrets Anglais (SOE), c’est louis TURBAN qui en était le responsable. Ce mouvement fut anéanti en 1942 de façon tragique puisque 25 de ses membres furent déportés en Allemagne, quatorze ne reviendront pas des camps de BUCHENWALD, RAVENSBRÜCK et MATHAUSEN. Yvette Marie José WILBORTS deviendra Madame Marie Jo CHOMBART DE LAUWE bien connue des Paimpolais et des Bréhatins (le collège de Paimpol porte son nom). Etudiante en médecine, elle était entrée en résistance à l’âge de 17 ans. Arrêtée le 22 mai 1942 à 19 ans avec 13 autres membres du réseau, dont ses Parents, elle est très durement interrogée par la gestapo. Ces arrestations ont été réalisées « grâce » à l’infiltration d’un agent double qui travaillait pour l’ABWEHR les services secrets Allemands. (en Allemand, ABWEHR signifie défense, c’était en fait le service de renseignements de l’armée Allemande, espionnage et contre-espionnage, les membres de l’ABWEHR avaient mis en place une tactique d’infiltration des réseaux pour mieux les démanteler). Au cours d’un simulacre de procès, elle apprend sa condamnation à mort. Sa peine sera commuée en déportation NN erlass (en Allemand, Nacht und Nebel en Français, nuit et brouillard… pour disparaître à jamais sans laisser de trace). Elle sera libérée le 21 avril 45 avec sa Mère Suzanne. Son Père Adrien, Résistant Humaniste, ne reviendra pas de BUCHENWALD, il ne survivra qu’un mois aux mauvais traitements et aux privations. Madame Marie Jo CHOMBART DE LAUWE est Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Le 1er mars 1943, fut créé le réseau de résistance « SHELBURN ». On devrait parler de réseau d’évasion car les Alliés voulaient récupérer, coûte que coûte les aviateurs abattus par la Flak (DCA) ou la chasse nazie. En effet, la formation technique d’un pilote était très onéreuse 40000 $ (environ 38000 €) et surtout durait deux à trois années !

SHELBURN était la structure, très complexe, d’un réseau constitué autour de Paul François CAMPINCHI pseudo Julien Constant TAGNY) chef pour la France du réseau François SHELBURN. C’est en réalité Paul François CAMPINCHI qui a pris l’initiative de créer un réseau pour récupérer les aviateurs alliés. Les Canadiens Lucien DUMAIS (Léon ou Capitaine HARISSON) et Raymond LABROSSE (Claude) furent chargés par l’Intelligence Service (IS) et CAMPINCHI de mettre en œuvre la logistique du futur réseau à PLOUHA. Le colonel LANGLEY et Airey NEAVE du M.I.9, proposèrent à PF CAMPINCHI de baptiser le futur réseau « SHELBURN »… avec cette orthographe. P.F. CAMPINCHI, pour faire plaisir aux Anglais, accepta. Raymond LABROSSE (pseudo Claude) avait son PC chez Marguerite PIERRE, née Le SAUX à St BARTHELEMY en PLOUHA. DUMAIS et LABROSSE émettaient à Londres depuis la maison de Marguerite avec tous les risques que cela comporte ! (après l’incendie de la Maison d’Alphonse -24 juillet 44-, LABROSSE s’installa à Pludual chez Jean François GOUARIN le Maire).

Les Aviateurs rescapés, rapatriés de tous les coins de France et parfois d’Allemagne étaient regroupés à Paris puis convoyés vers St Brieuc ou Guingamp par le petit train des Côtes du Nord. Ils étaient alors cachés chez des hébergeurs de Plouha. Que de péripéties au village de Cambla’ch à Plouha ou Anne ROPERS cachait l’Anglais Guy HAMILTON (futur réalisateur des James Bond 007). HAMILTON a séjourné 20 jours chez Anne. Un après midi, « pour passer le temps » il se rend en costume de ville au café de St SAMSON tenu par Marie FICHOU et joue aux boules avec des habitants du village. Il côtoie même des soldats Allemands qui jouaient dans une allée voisine ! Cela provoqua la colère furieuse de Lucien DUMAIS qui n’admettait pas que l’on puisse prendre de tels risques !

La BBC émettait quotidiennement ses messages personnels et lorsque le « Bonjour à tous à la maison d’Alphonse » retentissait, les Pilotes et Equipages étaient alors dirigés rapidement vers le rendez vous situé dans la maison de Marie et Jean GICQUEL : « La Maison d’Alphonse » située à St SAMSON/ KERSAUZON. A travers les champs de mines et par nuit sans lune, les « colis » (parfois 26 hommes et plus) étaient conduits jusqu’à la plage « BONAPARTE » (Nom de code de la plage de l’Anse Cochat) ou l’attendait une vedette rapide Anglaise (MGB 503, pour Motor Gun Boat). Le commandant de la MGB 503 était Mike MARSHALL. La progression, à travers les champs de mines, était rendue possible grâce à la reconnaissance effectuée, au préalable, par Pierre HUET et Job MAINGUY qui avaient pris le soin de baliser chaque mine avec un linge blanc posé sur un piquet de bois. La progression dans le champ de mines se faisait épaule contre épaule. Le poste Allemand de la « POINTE DE LA TOUR » à Plouha surplombait la plage Bonaparte et disposait d’armes redoutables, un canon de 76 mm, 3 mitrailleuses lourdes et surtout d’un puissant projecteur qui pouvait « illuminer », à tout instant, le théâtre d’opération. La pointe de la Tour était proche de la ferme de Job MICHEL à Kerliviou, dans laquelle travaillait, de temps en temps, Pierre HUET (pseudo TARZAN ), pour donner le change aux Allemands. David BIRKIN, lieutenant, navigateur (Père de l’artiste Jane Birkin) a probablement participé à une opération Bonaparte, l’essentiel de ses missions se situant à Beg an Fry, Lannilis, Abber Wrac’h etc… sur la MGB 502.

Après guerre, Jane Birkin a souvent rendu visite aux Membres du réseau de l’époque, elle disait que « son Père admirait le courage et l’audace de ces Bretons qui, selon lui, étaient les vrais Héros de cette fantastique aventure humaine eu égard aux dangers mortels qu’ils encouraient, avec leur famille ». Tous ces hommes et Femmes vivaient, jour et nuit, sous la menace de l’arrestation de la torture, du peloton d’exécution ou de la déportation. Les Patriotes de l’épopée, étaient le docteur André LE BALCH de Plouézec, Job MAINGUY, Pierre HUET (Tarzan), Jean GICQUEL, Francis BAUDET, François LE CORNEC, Jean TRÉHIOU, Georges ROPERS, Joseph HAMON, Jean AUFFRET, François LE CAVORSIN, Mathurin BRANCHOUX, Henri et Yves LE BLAIS, Adolphe Le TROCQUER, François Le PULUARD, François JOSSE,  Eugène HARSCOUËT, Auguste LESNÉ,  Raoul PARENT, Eugène COURSON, Albert et Gilles LEMARCHAND, Georges LE CUN, François GÉLIN, Henri LE CARBONNIER, les gendarmes DAGORNE et GARION, la famille de Jean Marie LE SOMMIER… La liste est encore longue. Très longue.

On n’oublie pas les femmes, Marie GICQUEL (23 ans), Marie Thérèse LE CALVEZ (19 ans – AGENT P1),  Marguerite PIERRE (née le SAUX, 18 ans AGENT P1) , Marie TREHIOU, Marie Le SAUX, Germaine COUFFON, Françoise MONJARET, Anne ROPERS (Famille Hébergeuse, 25 ans), Léonie LE CALVEZ , Constance Le VEY, Marie PEN, Julie LESNE et tous les autres qui fournissaient au réseau toute la logistique indispensable à la réussite des missions : le garagiste François KERAMBRUN de Guingamp qui véhiculait avec sa camionnette à gazogène, jusqu’à 15 aviateurs de Guingamp à Plouha avec son fidèle ouvrier Jean TRIFOL. Fernand TROCHEL, coureur cycliste en deuxième catégorie, licencié au VC Guingamp, agent de liaison, qui cachait les messages dans la boîte de pédalier de sa bicyclette et tant d’autres encore dont un de ces derniers acteurs qui vient de nous quitter, André CARDUNER de Saint-Quay-Portrieux. Quelques temps seulement avant son départ en septembre 2015, il s’est ouvert sur cette période sombre. André CARDUNER est né au village de Trélaouen Bihan à PLOUHA le 19 avril 1923. Cadet de la fratrie (l’aîné Roger, et ses deux sœurs Yvonne et Anna la benjamine) dès la déclaration de guerre, il s’engage dans l’action alors qu’il est marin à la compagnie Nantaise des Chargeurs de L’Ouest. Il embarque comme novice. De retour en France, il est proposé, coopté, par Marguerite PIERRE (Guiguitte Le Saux), au maquis du Bois de la Salle alors sous la responsabilité de François Le Cornec et Francis BAUDET. Ses enfants ont été surpris d’apprendre qu’il avait également travaillé pour le réseau SELBURN. L’engagement de ces patriotes nous fascine, nous interpelle, nous sommes en admiration devant leurs faits d’armes alors que pour eux, c’était naturel, spontané, sans calcul, sincère.

C’était leur Devoir d’Homme et de Femme. Ils ont été confrontés à la traque, à la peur, à maintes situations difficiles qui pouvaient aller jusqu’à la mort, sans plaintes, sans revendications, sans gloire recherchée.

Au cours de ces différentes opérations, 135 Aviateurs et 15 Agents Alliés ont été exfiltrés vers DARTMOUTH au cours de huit opérations, sans un échec, aucune perte ni arrestation !  (94 pilotes US, 41 pilotes Anglais…et un aviateur Belge, un Indien et un Russe). Se doutant de « quelque chose » les Allemands firent le siège de la maison d’Alphonse dans la nuit du 23 juillet 44 et, le jour venu, pénétrèrent à l’intérieur et pillèrent l’habitation. L’après-midi, ils incendièrent le bâtiment après avoir détruit les murs à coup d’explosifs. La discrétion, le secret absolu, l’humilité étaient les ingrédients nécessaires à la survie du réseau. Les vrais Héros sont toujours discrets, courageux et humbles : « Ils étaient SIDONIE », « Ils étaient SHELBURN », « Ils étaient la FRANCE ».


Forces Françaises Navales libres

Avec l’autorisation de ses enfants, voici la chronologie des actions militaires d’André CARDUNER. La transcription de ce texte est strictement fidèle au manuscrit.

Transcription in extenso et authentique du journal d’André CARDUNER de 1939 à 1946.

« RETROSPECTIVE SUR MA PRESENCE EN CES DIFFERENTS LIEUX D’OPERATION MILITAIRES DE 1939 à 1946. »

 

  • « Rétrospective sur ma présence en ces différents lieux d’opérations militaires en 1939-1945 »
  • « 3 sept. 39 : La France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne. Je me trouve à Nantes à bord du GRASLIN (Cie Nantaise des Chargeurs de l’Ouest) J’y suis embarqué en qualité de novice depuis le 29 mai 1939.
  • 14 sept. 39 : A l’aube, au large de Plymouth, premier contact avec un sous-marin ennemi. Sur les lieux, le porte-avions Anglais le COURAGEOUS escorté de 3 destroyers, le sous-marin ennemi et le Graslin : le petit combat naval fut fatal à l’ennemi.
  • 22 sept. 39 :  Retour à Nantes. Le Graslin et son équipage sont réquisitionnés et militarisés par la marine nationale. Armé aux Chantiers de Bretagne et démagnétisé à l’arsenal de Brest et destiné au ravitaillement du corps expéditionnaire Franco Anglais en Norvège.
  • 10 nov. 39 : Départ pour la campagne de Norvège
  • 16 déc. 39 : A la sortie de la mer d’Irlande sous une forte tempête de neige, entrons en collision frontale avec un navire ennemi. Très gros dégâts sur l’étrave du Graslin nous obligeant à un retour difficile aux chantiers de Greenock, Glasgow, pour une grosse réparation.
  • 2 juin 40 : Au large de NARVICK, faisons partie d’un important convoi de navires. En fin de matinée, sommes attaqués par les STUKAS Allemands en piqué. Sous les bombes et la mitraille, le convoi est vite disloqué et en grande partie détruit.
  • 10 juin 40 : Fin de la campagne de Norvège (7 mois).
  • Rentrons à Barry Docks en Angleterre
  • 17 juillet 40 : Fin de l’odyssée du Graslin. Saisi par les Anglais- Equipage débarqué… sans ménagement. Après la débâcle de nos armées, Les Allemands entrent à Paris et le gouvernement Pétain signe l’armistice. Alors qu’à Londres, le Général De Gaulle proclame, dès le 18 juin, sa volonté et celle de la France libre de continuer le combat aux côtés de la Grande Bretagne.
  • 18 juin 40 : Transféré au Crystal Palace de Londres, j’ai l’agréable surprise de rencontrer deux collègues d’école de Plouha : Pierre Bécouarn et André Le Pape formant ainsi le trio des jeunes de 17 ans.
  • 22 juillet 40 : Visite du Général De Gaulle et de son état-major. Homme providentiel et intègre pouvant représenter dignement la France le jour de la victoire finale. Sans hésitations, nous signerons nos engagements dans les FFL (Forces Françaises Libres).
  • 8 août 40 : Offensive aérienne sur Londres et sa banlieue. Nous allons subir, pendant de longs mois, l’écrasante suprématie de l’aviation allemande. Bombardements massifs de jour (en général en début d’après-midi). La nuit, avions esseulés à haute altitude larguant leurs bombes à l’aveuglette, avec le bruit, infernal, de la DCA. Certains quartiers étaient complètement rasés, les rues impraticables et les pertes humaines nombreuses.
  • Début nov. 40 : Américains et Canadiens viennent au secours des Anglais avec leur puissante armada. La balance aérienne va vite changer de bord. La bataille aérienne était gagnée et les Londoniens soulagés.
  • 27 janv. 40 : Quittons le Crystal Palace et Londres pour Liverpool et embarquons sur le MASSILIA en partance pour Toulon.
  • Déc. et janv. 41 : Séjour au CAMBC (Centre d’Armement Militaire des Bâtiments de Commerce) de Marseille en zone soi-disant libre. Le gouvernement de Vichy restant sous contrôle de l’axe Berlin/Rome.
  • Début février 41 : J’entre clandestinement en zone occupée, joyeux de retrouver ma Bretagne et tout heureux de revoir ma chère grande famille que j’avais quittée depuis 21 longs mois, mon intention étant de continuer la lutte contre nos envahisseurs jusqu’à la libération de notre territoire dans la résistance, m’obligeant à ne prendre contact, sous aucun prétexte, avec les autorités (police-mairie) sous contrôle ennemi, me privant ainsi de carte d’alimentation. Eviter également de se faire repérer par la GESTAPO et les sanguinaires SS. Savoir aussi que toute action de notre part serait suivie de prise d’otages dans la population. Heureusement, le secteur est assez calme, et les planques ne manquent pas à la campagne, de nombreux hommes étant prisonniers en Allemagne.
  • Début mai 44 : Passage à la résistance active. Notre groupe est contacté par le réseau SHELBURN et est chargé de la sécurité des déplacements et des regroupements des aviateurs avant leur départ pour la « Maison d’Alphonse » dernier lieu de ralliement.
  • 6 juin 44 : Débarquement en Normandie.
  • 8 juin 44 : Regroupement des Résistants de la région au maquis du bois de la salle.
  • 18 juin 44 : Parachutage d’armes et de vivres dirigé par le Canadien Léon DUMAIS du réseau SHELBURN. Apprentissage au maniement des armes et des explosifs avec essais à l’appui.
  • 1er juillet 44 :  François Le CORNEC prend le commandement du maquis. Recevons un deuxième parachutage et nous exerçons à différents sabotages. Nous sommes maintenant bien armés et prêts à combattre. Il reste maintenant à attendre le rapprochement des Américains, nous sommes renseignés sur leur position.
  • 1er et 2 août 44 : Sabotage des lignes de communication.
  • 3 août 44 : Matinée, libérons Plouha.
  • 4 août 44 : Libérons Paimpol ville. Les Fritz résistent et se retranchent à Guilben et Plounez.
  • 5 août 44 : Combats de Plouha gare contre une forte formation allemande. Un tué BERVET et 6 otages fusillés : Yves Gazoulat, Jean Bivic, Roger Dubernard, Hamon André et Roger et André Raoul.
  • 6 août en soirée : Un escadron de combat avec chars fait une entrée triomphale dans Plouha libérée. Quelle joie de côtoyer enfin nos amis américains et canadiens.
  • 7 août 44 à l’aube : Nous sommes appelés au secours de Plélo ou l’ennemi rassemble des otages devant la mairie après un accrochage avec un groupe de résistants Plouhatins. A Plouha, HAMSLEY commandant de l’escadron de chars et ses soldats, se laissent fléchir par LABROSSE (Réseau SHELBURN). Départ précipité. Connaissant la route, nous montons sur le premier char avec Héloury. A Plélo, se forment deux groupes de combat. Notre groupe, avec le char va contourner la ville et attaquer le plus gros des effectifs ennemis cantonné sur le terrain des sports. L’autre fonce directement sur la mairie. L’attaque fut foudroyante et la surprise totale. Ceux qui avaient échappés au carnage se sont rendus aux Américains. Ils laissèrent plus de quarante tués sur le terrain. Avant midi, les Américains avaient pris la route en direction de Brest et non la direction de Plouha après récupération de leur matériel et de leurs chevaux encore valides.
  • 14 août 44 : Département entièrement libéré – préparons le départ pour le front de LORIENT.
  • 22 août 44 au 15 déc. 44 :  Front de Lorient : 2ème compagnie (Forces Françaises de l’intérieur)
    1ère ligne (Merlévenez – Nostang)
  • 15 déc. au 8 mai 45 :  Front de Lorient – Compagnie CCI (Cie canon-infanterie)
    Batterie de 3 canons de 90mm Commandant   DEROUIN  71ème Régiment

ET… REDDITION ALLEMANDE !

  • 10 mai 45 : Mutation marine nationale – 2ème dépôt de Cherbourg puis 5ème dépôt de Toulon.
  • De fin juin à fin octobre, je me trouve au cap Matifou (Alger) au centre d’entraînement des commandos de la marine. J’y perds 14 Kg et me retrouve à l’hôpital Maillot à Alger puis en convalescence à l’état-major marine Alger. Après discussions avec le Cdt de la base, il est reconnu qu’une erreur s’est glissée dans mon dossier intermédiaire (Cdt DEROUIN 71ème RI de Lorient).
  • 2 nov. au 7 avril 46 :  Je suis embarqué sur le transport d’état HADRUMETE chargé de la récupération et du transport du matériel de LA SPEZIA à l’arsenal de Toulon.
  • 7 avril 1946 :  Je suis, enfin, démobilisé à TOULON… après 11 mois de service complémentaire ! »

André CARDUNER


Cet article évoque des noms de Femmes et d’Hommes qui exprimaient la diversité des sensibilités politiques, philosophiques et religieuses. Des Noms qui parlent de l’Honneur et de l’unité de la France. Ils représentent la France combattante qui ne se résigne pas et qui fait face avec courage, audace et détermination, qui refusent l’inadmissible. Leur discrétion, leur humilité est toujours empreinte d’humanité, de confiance, d’espoir et de générosité. Ce récit n’appartient pas au passé, il pourrait être actuel car la répression est toujours facile à mettre en œuvre. La vigilance est un rempart efficace. Il semblerait que le mot RESISTANCE ait été inventé pour que les Hommes ne vivent pas à genoux. Résistance, Résilience, Résurgence, autant de mots qui signifient Révolte et Combativité mais également ESPERANCE et FRATERNITE La France libre était, pour tous ces jeunes Patriotes le bien le plus rare et le plus cher :

LA LIBERTÉ !

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LEXIQUE SHELBURN

  • « Colis » nom de code donné aux groupes d’aviateurs rescapés et pris en charge par le Réseau
  • « Bonjour à tous à la maison d’Alphonse » La deuxième diffusion de ce message annonçait l’opération prévue le soir.
  • Le message d’attente « Yvonne pense toujours à l’heureuse occasion ».
  • Le message d’annulation de l’opération « Rigoulot a bon coco » (jamais diffusé).
  • Le mot de passe en arrivant sur la plage Bonaparte : « St BRIEUC » réponse « DINAN ».
  • ABWHER : Service de renseignement de l’armée Allemande.
  • GEHEIME STAATSPOLIZEI : police secrète d’État
  • SICHERHEITSDIENST : Service de renseignement de la SS (le SD).
  • RUSSE BLANC : « Armée VLASSOV », volontaires Russes armés par la Wehrmacht.
  • SCHRAPNELLMINE : Les mines utilisées par les Allemands étaient, essentiellement des mines S (Schrapnellminen). Ces mines « bondissantes » à trois griffes, explosaient à un mètre du sol et laissaient peu de chance. (Quelques 350 billes incandescentes se dispersaient alentour).
  • LA MGB 503 était commandée par Mike MARSCHALL, Peter William a également effectué quelques rotations.
  • La MTB 718 était dirigée par le Lt R SEDDON.
  • MGB: Motor gun boat – MTB : Motor torpedo boat (vedette lance torpilles).

Les faux papiers de DUMAIS (Léon) faisait état de l’identité suivante : « Lucien Jules DESBIENS »

Après-guerre, des Allemands ont écrit à Guiguite Le SAUX (Mme PIERRE) pour tenter de percer le mystère de la réussite de SHELBURN.

La seule survivante du réseau HISTORIQUE est désormais Madame Pierre 94 ans (Guiguite) en effet, Anne ROPERS nous a quitté à l’âge de 97 ans le 23 novembre 2016.

Claude BENECH
Novembre 2016

Reproduction interdite


Sur la page suivante, vous pourrez découvrir la mise en garde des Allemands concernant la protection des aviateurs par la population. Ce « BEKANNTMARCHUNG » était affiché sur les places publiques, mairies, gendarmeries… 

L’avis n’encourageait pas à s’écarter de la ligne imposée par les nazis, à moins qu’il ait contribué, au contraire et pour certains, à galvaniser leurs convictions et leur engagement !       

Claude BENECH

Reproduction interdite

 


Bekanntmarchung

A V I S

Toute personne du sexe masculin qui aiderait, directement ou indirectement les équipages d’avions ennemis descendus en parachutes ou ayant fait un atterrissage forcé, favoriserait leur fuite, les cacherait, ou leur viendrait en aide de quelque façon que ce soit, sera fusillé sur le champ.

 Les femmes qui se rendraient coupables du même délit seront envoyées dans des camps de concentration situés en Allemagne.

Les personnes qui s’empareront d’équipages contraints à atterrir ou de parachutistes ou qui auront contribué, par leur attitude à leur capture recevront une prime pouvant aller jusqu’à 10 000 Francs, dans certains cas particuliers, cette récompense sera encore augmentée.

Signé VON STUELPNAGEL
General der infanterie
Der militaerbefehishaber in Frankreich

 

LES ACTEURS GUINGAMPAIS

  • Mathurin BRANCHOUX

  • Georges et André LE CUN

  • François KERAMBRUN

  • Fernand TROCHEL

 

Le livre de M. Bénech est paru aux éditions Coop Breizh

 

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