La fête du 48e RI (1938)

La fête du 48e RI (1938)

La fête du 48, qui avait lieu jadis le 14 août, jour anniversaire de la bataille d’lsly, et qui avait été interrompue depuis plusieurs années, a eu lieu samedi et dimanche, dans la cour de la Caserne La Tour d’Auvergne.

Les réjouissances débutèrent samedi par une retraite aux flambeaux qui parcourut les principales rues de la ville, puis à 21 heures, dans la cour de la caserne, brillamment illuminée, M. le colonel Paillas prit place dans l’enceinte réservée à côté de M. Lorgeré, maire-de Guingamp, et de nombreux invités.

Le rideau se leva sur la scène de verdure devant le bâtiment central de la caserne pour l’évocation du passé du 48e. Tour à tour, les spectateurs purent suivre les étapes glorieuses de l’ancien régiment de La Tour d’Auvergne expliquées au micro et évoquées par des tableaux vivants d’après les maîtres du Musée de l’Armée la mort de Marceau (1796) ; La Tour d’Auvergne et le premier Consul (1799); la veillée d’Austerlitz (1806)

Les Deux Blessés » (1854), Les Dernières Cartouches (1870), les figurants en uniforme de l’époque et chaque tableau avec accompagnements appropriés parla musique du régiment, sous l’habile direction de M. Pelé. Et n’étaient-elles pas poignantes l’évocation de la mort de Marceau, la veillée d’Austerlitz, où l’empereur prend les dernières décisions pour l’attaque du lendemain ; et la scène des deux blessés où, sur un champ de bataille de Crimée, un soldat français avant de mourir, tend sa gourde à son ennemi, un Russe agonisant à ses côtés? Qui ne s’est senti ému en pensant quel sublime courage devait animer les quelques hommes épuisés, sûrs de la mort, tirant leurs dernières cartouches par l’embrasure d’une fenêtre toute disjointe sur les uhlans cernant Bazeilles? La dernière scène représentée fut le Rêve, où les petits soldats endormis sur la plaine, rêvent à la victoire.

Puis la kermesse reprit ses droits,et peu à peu la foule se retira tandis que des feux de bengale de toutes couleurs embrasaient la cour. .

Dimanche, à 14 heures, la cour se remplissait peu à peu et bientôt ce fût une vraie fourmilière entourant tous les stands de la kermesse installés le long des bâtiments, parmi lesquels nous notons au hasard : la Cigogne, Les Jeux bretons, la Chaumière, la Hollande, le Stand martiniquais, un drôle de pistolet, les Chasses africaines, le Bananier magique, le lapinodrome, le café maure, les loteries, etc…, chaque stand avec costumes appropriés du plus ravissant effet la Cigogne avec le costume d’Alsace , la Chaumière, costume breton ; la Hollande avec les soldats habillés comme en 1794, les jolies Martiniquaises et les mystérieuses Mauresques. Crêpes, friandises, cidre, café maure s’enlevaient avec une rapidité étonnante.

Toute une série d’attractions agrémentées d’accompagnements musicaux fut donnée sur la scène ou dans-la cour même de la caserne : course en sacs; l’alerte ou le soldat débrouillard le coiffeur du régiment (très drôle cette exécution rapide en série); un nouveau procédé d’incorporation rapide : le bleu arrive en gentleman dans sa voiture, il en ressort quelques secondes après tout habilité et équipé; le grand combat de boxe Juil et Bull; Guimauve Tell dans ses exercices; l’engin moderne antipluic, très ingénieux; les merveilleux tireurs montés sur motocyclette John et toc, qui ne manquent pas leur assiette à trente pas avec leur revolver; le fakir Sir-marin, infaillible dans ses horoscopes, et que les acheteurs de billets de la loterie nationale devraient aller consulter avant de tenter leur chance; le P’tit Père et ses chanteurs russes, dont les chœurs furent très applaudis; et le ballet des soldats de bois, présentation remarquable d’uniformes et exécution parfaite des mouvements.

Les voitures fleuries eurent un grand succès. Elles étaient précédées de Bretons et Bretonnes en costumes authentiques, et les  spectateurs  ravis virent passer devant leurs yeux un berceau fleuri, un hélicoptère, une gondole, un tank ironiquement tramé par un cheval, un char romain attelé de quatre beaux coursiers. Tous ces chars montés par des figurants richement vêtus avalisaient de bon goût, ils avaient été intelligemment imaginés et artistiquement réalisés; ceux qui les ont conçus dans leur cerveau et exécutés avec des mains habiles ont droit à des félicitations sans réserve.

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Enfin, pour terminer l’après-midi, ce fut l’émouvante présentation parles soldats vêtus de l’uniforme de chaque époque, des anciens drapeaux du régiment sortis du musée pour cette fête du souvenir, véritables symboles vivants de l’héroïsme des soldats du 48 qui ont toujours fidèlement servi la patrie.

A 18 h. 30, le spectacle prit fin et, à 21 heures, les portes du quartier étaient de nouveau grandes ouvertes pour laisser passage aux amateurs de danses aussi nombreux qu’élégants et, c’est dans une atmosphère cordiale et gaie que se termina la fête très réussie du 48ème RI, qui espérons-le, sera désormais tous les ans au programme des grandes manifestations. artistiques guingampaises.

 

Au jardin public de Guingamp midi

A l’heure où tout Guingamp s’affaire, se déplace,
C’est au jardin public que je vais prendre place,
Sur un fauteuil, à l’ombre d’un très gros châtaignier,
Où te chant des oiseaux vient parfois m’égayer.
Devant moi, le kiosque entouré de verdure,
De capucine en fleur, étalant sa parure,
Les rosiers m’envoyant leur parfum odorant,
J’oublie, en cet instant, le vacarme bruyant
Des autos démarrant tout le long de la grille,
Et le bruit agaçant des trains passant la ville.
C’est un endroit très cher au poêle, je crois.
L’étudiant peut venir y bouquiner ma foi.
On y respire un air parfumé qui repose;
Le cœur s’épanouit comme te font les roses…

L’ALOUETTE D’ARMOR. (26 juin 1938.)

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