Les œuvres d’art en ville

Les œuvres d’art en ville

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Par M. Jean-Pierre Colivet

 

Depuis quelques années, en flânant à Guingamp, on remarque des œuvres architecturales qui décorent la ville. Jusqu’à 2018 il fallait se rendre au Jardin public pour découvrir deux statues monumentales.

Les œuvres modernes installées depuis cette date nous rappellent, dans divers emplacements emblématiques, le lien que Guingamp sait entretenir avec l’eau.

La Ville a fait le choix de l’art contemporain pour amener de la nouveauté. Lors de l’inauguration de la première œuvre, Philippe Le Goff, maire de Guingamp, déclarait : « nous souhaitions engager cette démarche dans un esprit d’ouverture à d’autres cultures, mais aussi pour affirmer notre soutien aux artistes ».

Ce court article a pour ambition de donner un rapide focus sur ces différentes œuvres, anciennes ou récentes. Que l’on aime ou pas « l’art moderne » … Mais qu’est-ce que l’art ? Voici une définition trouvée sur Internet (Wikipédia) : L’art est une activité, le produit de cette activité ou l’idée que l’on s’en fait, qui s’adresse délibérément aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l’intellect. On peut affirmer que l’art est le propre de l’humain ou de toute autre conscience, en tant que découlant d’une intention, et que cette activité n’a pas de fonction pratique définie. On considère le terme « art » par opposition à la nature « conçue comme puissance produisant sans réflexion », et à la science « conçue comme pure connaissance indépendante des applications »

Alors, à chacun d’apprécier ou non les choix réalisés par la mairie de Guingamp…

Au jardin public (vers 1950)

La « femme couchée » est l’œuvre de Simon Goldberg (1913-1985), dessinateur, graveur, sculpteur. Un article du journal Ouest-France (09/09/2014) compare cet artiste parisien à Rodin, Maillol ou Bourdelle.

Cette statue a été offerte par l’État à la ville de Guingamp dans les années 1950. La maquette en terre date de 1938 (il s’agit d’une commande de l’État).

L’autre statue  n’est pas signée. Régulièrement les services techniques de la ville sont amenés à la repeindre…

Autrefois, certains parents demandaient à leurs enfants de ne pas aller jouer au Jardin public…

Les statues décapitées

Ces deux statues ont été vandalisées dans la nuit du 19 au 20 juillet 2014. « C’est une dégradation gratuite envers un bien public, inscrit au patrimoine de la ville », enrageait Mme Mona Bras, alors adjointe au maire en charge du patrimoine.

Les œuvres récentes

C’est en 2018 que la ville de Guingamp a décidé d’inscrire l’art contemporain dans l’espace public, afin de susciter les émotions, d’amener à la réflexion, de favoriser les échanges et de permettre un nouveau regard sur les éléments de son patrimoine. Cette décision politique est soumise au vote du Conseil municipal impliquant dorénavant l’inscription de sommes comprises dans la fourchette de 20 000€ à 50 000€ chaque année.

Le choix des œuvres d’art est en lien avec l’eau, c’est le fil rouge de cette exposition permanente et gratuite en plein air. Non seulement en raison de la présence de l’eau à Guingamp (le Trieux entre autres) mais aussi en raison de l’importance cruciale de l’eau pour la présence et les activités humaines sur un territoire ; c’est une question essentielle pour le devenir de l’humanité à l’aune du changement climatique.

Sont concernés par le choix des lieux de mise en place des œuvres choisies, la DRAC et l’architecte des bâtiments de France car il y a modification des espaces publics et naturels… et ils doivent donner leur accord formel.

Comment ces œuvres sont-elles choisies ?

  • Une commission d’élus désignés par le maire et différentes personnes de la société civile est constituée ;
  • Un appel à projet est lancé sur le thème choisi de l’eau, celle-ci étant très présente dans notre ville ;
  • Une commission retient trois projets puis deux puis seul un projet qui sera installé.

Voyons un peu plus en détail les cinq œuvres installées en ville.

L’Arpenteur (2018)

Cette statue en aluminium a été créée par Cyrille André originaire de Marseille. Elle est installée au pied des remparts du château de Pierre II sur la place du Petit Vally appelée également « place des petits cochons ».

Imposante, elle s’expose à toute personne arrivant à Guingamp par le sud. Elle mesure 3,80 m de haut, 3.60 m de long, 1,30 m de large. Elle pèse 800 kg.

Pierre Yves Connan, adjoint à la culture en juin 2018 la décrivait ainsi :

« L’Arpenteur est un être extraordinaire, un personnage en mouvement qui aurait marché à cet endroit à travers les siècles.

« Au-dessus de sa tête, un nuage en résine polyester et fibre de verre (comme pour les coques de bateaux) contient à l’intérieur un système d’arrosage commandé par des capteurs de présence. Il déverse des gouttes d’eau au passage des personnes (système en fonction du printemps à l’automne). C’est la première œuvre interactive du sculpteur, elle est ludique.

« Elle représente également une allégorie au dérèglement climatique ! Ça n’est en aucun cas d’après l’auteur un rapport avec la météo que l’on dit capricieuse en Bretagne.

« Cette œuvre d’art contemporain redonne à voir notre patrimoine tout en l’actant dans la modernité. Cette statue vient étoffer l’environnement dans lequel on vit. »

Anima (2019)

Cette œuvre d’art se situe en ville sur la place Albert Lissilour (dite place de l’Échiquier) depuis juin 2019.

Trois plasticiens en sont les auteurs :

  • Aline Bison,
  • Roch Robaglia (de Chambéry),
  • Pierre Bueno (de Trégrom),

Anima, la première de leurs œuvres, fa été fabriquée dans un hangar à Cavan.

Que peut-on dire d’Anima ?

Sur cette place au caractère austère, dominée par les vestiges de l’ancienne muraille, il était essentiel d’introduire du mouvement avec des couleurs éclatantes. Le thème de l’eau est omniprésent, avec ses gouttes rebondissantes, mais chacun peut y voir ce que son imagination lui suggère.

Mme Marie-Agnès Pogam (adjointe culturelle en 2018) la décrivait ainsi :

 « Avec cette œuvre jaillissante et disruptive (« rupture » ou « fracture ») : « La volonté de la municipalité était de conforter la dimension de la ville de Guingamp après l’aménagement des berges du Trieux, les jets d’eau de la Place du Centre et le nuage d’eau de l’Arpenteur ». Et de créer « une aspiration visuelle » vers cette entrée du Centre-ville à travers la disposition des différents modules sur la place, invitant à la déambulation ».

 

Kairos (2019)

Kairos est installée sur les berges du Trieux à Rustang (Guingamp)

Elle se compose de trois parties réparties dans cette zone humide, à savoir une maison, une barque et un escalier.

Kairos est l’œuvre de Catherine Baas, artiste environnementale diplômée de l’école supérieure des Beaux-Arts de Grenoble. Plasticienne elle enseigne à l’Université Lyon 3. La créatrice nous explique sa démarche :

« Ces trois installations renvoient au caractère inondable des lieux à travers des œuvres symboliques de la montée des eaux et du sol marécageux. Les œuvres sédimentées dans le paysage sont prises dans des arbres du site et semblent faire partie de la nature toute entière. Ces sculptures interactives invitent au cheminement et à l’observation : le public peut s’asseoir sur deux des sculptures, la barque et l’escalier. Les trois sculptures déposées autour des arbres donnent l’impression d’être présentes depuis longtemps en ce qu’elles laissent la nature reprendre ses droits, et pousser à travers les installations. »

Sitis (2022)

Œuvre monumentale de l’artiste girondin Alain Laboile, le faon Sitis (« soif » en latin) trône depuis mai 2022 sur la place de la République.

Cet artiste signe ici sa première statue en Bretagne. Ce Bambi géant d’environ 7 m x 7 m et haut de 5,60 m pèse 1,8 t. Elle comporte un millier de pièces en acier corten. C’est un acier qui a la propriété de s’oxyder spontanément en surface. Avec le temps, cette rouille de surface se stabilise autour du matériau et le protège contre les agressions (intempéries, polluants etc.). Il est utilisé en architecture, en aménagements paysagers et urbains, en construction et en sculpture d’extérieur, pour son aspect reconnaissable et sa résistance. L’oxydation de l’acier corten se fait spontanément en quelques jours à quelques mois selon les cas. La tôle prend son aspect rouillé caractéristique puis se stabilise toute seule avec le temps.

Après une conception en 3D, puis découpe et un premier assemblage elles ont été réalisées au sud de Bordeaux (à la Porte-des-Bauges, Gironde) où se situe son atelier.

Quel rapport avec l’eau ?

On remarquera une toute petite fontaine devant le museau de Sitis, seul rapport avec l’eau. C’était l’une des contraintes imposées par la mairie pour cette nouvelle œuvre monumentale : « ce rapport à l’eau est, finalement, minimaliste à côté de la statue » nous dit le créateur. « J’ai eu envie de jouer avec ça en mettant en évidence la rareté de l’eau. Sa couleur représente bien celle de la terre aride. »

Palingenesia (2024)

Cette cinquième et dernière œuvre actuellement installée, est due à l’artiste plasticien Damien Valéro et à l’architecte scénographe Sébastien Tessier originaires de la région parisienne

Cette œuvre reposant sur un socle de béton gris mesure environ 4 mètres de haut.

Parfaitement intégré à la jolie plaine de Traouzac’h, cet ensemble se joue de la lumière à l’instar d’un kaléidoscope, interagissant sans cesse avec le soleil et l’ombre.

Les arbres du parc se reflètent sur les miroirs du sommet tandis que la lumière, toujours différente, joue sur les prismes colorés de la partie centrale.

 

Et maintenant ?

Pour l’instant, aucun nouveau projet n’a filtré dans la presse ce qui ne signifie pas que la municipalité n’a pas de projet en vue… Alors, regardons ces œuvres, commentons-les car on peut les trouver belles ou laides, mais surtout qu’elles ne nous laissent pas indifférents…

 

Jean-Pierre Colivet (décembre 2024)

 

Bibliographie

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