Les halles et la médiathèque
Par M. Jean-Paul ROLLAND
En 1760, sur la place de la République, furent construite des halles qui avaient remplacé celles qui se trouvaient sur la place du Centre. Les halles ont évolué avec les mœurs des sociétés au cours des siècles.
Vers 1840, l’aménagement du Vally est enfin achevé, c’est le « champ des foires ». Le Champ au Roy s’est considérablement agrandi depuis la démolition des vieux remparts. La société évolue, de même que les marchés avec l’arrivée de nouveaux produits. C’est aussi le début de l’industrialisation.
À partir de 1860, la municipalité de Guingamp a pour projet de construire de nouvelles halles, celles de la place de la République sont trop vétustes et pas suffisamment spacieuses ; et, cela ne sera qu’une « fantaisie » une salle des fêtes ainsi qu’une bascule publique. Évidemment l’endroit tout désigné est le Champ au Roy. La volonté est là mais les finances ne sont pas disponibles !
Après la guerre de 1870, puis la construction de la caserne « la Tour d’Auvergne » les fonds deviennent disponibles de manière fortuite par l’héritage de Bobé de Moyneuse, placé en rentes sur l’État, ou prospéraient d’année en année. Ainsi en 1880 est établi un premier projet présenté par M. Guérin, architecte de la ville. Il est de belle conception architecturale en pierre de taille sur deux étages, malheureusement il n’aboutira pas. Le second, plus dans l’air du temps, aura une architecture entièrement métallique (type halle Baltard) et sera retenu.
C’est un ensemble vaste : 55 m x 18 m qui comprendra 3 parties distinctes :
- Halle aux poissons au sud
- Halle aux viandes au nord
- Entre les deux, la halle aux blés.
Le projet fut mis en œuvre en 1887 et utilisé à la fin de 1888. La halle aux blés servait de « salle des fêtes ».
Dès 1920, les Guingampais par le biais d’une pétition souhaitent disposer d’une salle des fêtes. N’oublions pas que les halles n’étaient closes que par des grilles, donc pas très confortables.
Les halles début du XXe siècle La salle des fêtes devenue omnisport
La halle aux blés perdait de son importance depuis l’apparition des minoteries. Ainsi elle fut aménagée grâce à des cloisons en briques, puis en 1923, l’électricité fut installée. L’inauguration en grande pompe eut lieu en 1923 avec la présence du ministre des travaux public, M. Le Troquer (de Pontrieux). Cette salle polyvalente pouvait accueillir bals, concerts, réunions publiques, bureaux de vote et spectacles divers…
Après la seconde guerre mondiale elle deviendra salle de sports, elle abritera des stands de la Foire Exposition. Elle continuera à décliner et seule la halle aux poissons conservera quelques activités.
En 1962, l’ensemble fut transformé en une salle omnisports. Et sur l’emplacement de l’ancien marché aux légumes une nouvelle halle (28 m x 21 m) fut bâtie. La dernière poissonnerie ferme en 1986.
Les habitudes des consommateurs changeaient, c’était le début des grandes surfaces périphériques (Leclerc, Mammouth…) ainsi de l’entrepôt de la nourriture terrestre on est passé à l’entrepôt de la nourriture de l’esprit !
Éloge funèbre de la mort de la salle municipale de Guingamp
« A 103 balais, je pensais pouvoir me retirer des affaires en douceur. Aller couler ailleurs, des jours meilleurs. Certes, je savais être devenue indésirable. Mais je n’avais pas senti le traquenard.
J’aurai dû me méfier en ne voyant pas le marché déballer la camelote ce vendredi matin. Dans la matinée, ils ont fait le vide autour de moi. À 13 h 30, l’exécuteur s’est pointé. Un quart d’heure plus tard, il m’attaquait à coups de pelle.
Il ne m’a laissé aucune chance. J’étais pourtant bien charpentée. Mais ma santé de fer n’a pas fait un pli. Ou plutôt si, elle s’est pliée à la volonté du plus fort. La ville avait passé un contrat avec un vrai professionnel. Un massacre. Morte au Champ au Roy. Mais sans bavures. Les gens qui observaient, un peu à l’écart, n’ont pas bronché. Du coup, j’ai perdu la tête. Puis j’ai mordu le bitume, mes assises flageolant sous les coups de boutoir du démolisseur.
Pourtant, au cours de ma longue carrière, mes entrailles ont encaissé quelques balles. De hand, de basket. Et même de foot. En 90 minutes, j’ai vu défiler un siècle, clé. Le temps des halles d’abord. Le vingtième siècle s’ouvrait à moi. J’en ai abrité des marchés. J’en ai vu des déballages de légumes. Des petites et des grosses. Des vertes et des pas mûres. J’ai vu des gosses se défouler sous mon toit et des chevilles se fouler sur mon sol. J’ai fait la fête aux rythmes des baluches, des festou noz ou des concerts de rock. J’ai observé des candidats heureux, des gens élus et d’autres perdants leurs illusions. Un vrai défilé.
Des tranches de vie pour la petite histoire. Mon histoire avalée en beaucoup moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Au fil de mon agonie, j’ai senti la Basilique sortir de l’ombre derrière moi. Pas pour longtemps ma vieille ! J’ai un successeur désigné déjà désigne.
Et puis, je n’ai pas encore dit mon dernier mot. À partir de lundi des ferrailleurs viennent achever le boulot. Mais ils ne l’emporteront pas au paradis. J’entends bien donner du fil à retordre et ne rendre définitivement l’âme qu’à la fin de la semaine. Tchao ! »
Les halles qui voisinent « feu la salle municipale » disparaitront aussi du paysage de la place du Champ au Roy. Leur emplacement fera l’objet de la deuxième tranche de l’opération d’aménagement. Un chantier programmé pour 1992.
Halle construite en 1962
Mais avant d’entreprendre la construction du Centre culturel, le Service Régional de l’Archéologie procède à des sondages sur le terrain dégagé après la déconstruction des anciennes halles.
Cette opération a été motivée par la connaissance de la présence du rempart médiéval dans ce secteur. Deux archéologues (Maud Le Glainche et Gaétan le Cloirec) vont à partir du 12 octobre
1992 avec l’aide d’une tractopelle, pendant 15 jours, procéder à 5 sondages afin de bien déterminer d’une part le tracé exact des remparts non visible en surface et d’autre part d’évaluer la présence ou non de vestiges de quelque nature qu’ils soient de part et d’autre du rempart. Les remparts qui relient la tour du Champs Mauroy à la tour de la Fontaine mesurent un peu plus de 200 mètres.
Du point de vue historique, on sait qu’une première muraille fut construite en 1388 et rapidement détruite en 1420. Ce n’est qu’entre 1443 et 1454 qu’un second rempart fut élevé. Ces remparts ont cessé d’être entretenus en 1676, tombèrent en ruine pour finalement être vendus comme bien national à la Révolution, avant d’être totalement arasés en 1832. La douve a été sondée au sondage 4, elle était alimentée par le ruisseau Lutin qui est actuellement canalisé.
Quelques fragments de poterie ont été récupérés datant du début du XVIe siècle (peut être fabriquées à Pabu), d’autres du XIXe siècle qui se rapprochent de ceux que l’on rencontre à Lamballe et un fragment de lèchefrite ou grand plat à pâté dont la production moderne, telle celle de Lannilis-Plouvien, se poursuit jusqu’au lendemain de la première guerre mondiale.
Certains habitants avaient émis le souhait d’une mise en valeur de ces vestiges de remparts (pose d’une dalle de verre…) mais cette orientation n’a pas été retenue par la municipalité. L’ensemble de ces remparts semble bien conservé, l’épaisseur des murs varie de 1,50 m à 1,80 m selon les endroits.
Le projet de la construction du centre culturel et aménagement de la place du Champ au Roy fut lancé en janvier 1992, les fouilles archéologiques effectuées en septembre de la même année, le commencement du chantier en décembre.
Construction du Centre culturel
La municipalité de Guingamp est sous la mandature d’Albert Lissilour depuis mars 1989 et c’est elle qui a pris la décision, sous l’impulsion de son conseiller municipal adjoint à la culture Jean Pierre Ellien, non sans moults péripéties, de construire cette fameuse bibliothèque.
Lors de sa campagne électorale, Albert Lissilour avait suggéré de créer une porte sur la ville ancienne car la salle municipale constituait un obstacle visuel infranchissable et la place du Champ au Roy ne comportait aucune continuité dans ses lignes.
De plus Guingamp compte beaucoup d’élèves et d’étudiants : sa population double pendant l’année scolaire.
On recense ainsi 8 groupes scolaires :
- 3 collèges
- 4 Lycées professionnels
- 2 Lycées d’enseignement général
- 1 Un campus universitaire U.C.O. Bretagne Nord.
De nombreux guingampais avait également exprimé le désir de posséder une bibliothèque digne de ce nom (il en existait une au centre Roparz Hémon et d’autres par ci par là !). Le choix du Champ au Roy s’avérait judicieux car central, facile d’accès et une grande possibilité de parking. La bibliothèque seule n’aurait pas couvert l’ensemble des besoins culturels :
- L’ouverture de l’office du tourisme dans cet édifice va redonner un nouvel élan et contribuera à valoriser les atouts de la ville
- Une école de musique déjà présente et dynamique mais à l’étroit dans l’école des cantons pourra s’étoffer en musiciens et en matériel
- Une école de dessin afin de permettre de travailler dans de bonnes conditions
- Une école de bridge
- Des sanitaires publics.
Guingamp est certes une ville sportive bien connue pour son équipe de football, mais sera également une ville de culture par le biais de cette médiathèque.
Le premier projet prévoyait en prime la construction d’un hôtel, mais il a purement et simplement été annulé.
La municipalité organise un concours d’architectes et pas moins de 49 professionnels proposent leurs services ! Quatre seront conservés et finalement le cabinet briochin Debulois-Guervilly-Dunet et Velly sera retenu.
Le futur complexe culturel aura notamment le souci de parfaitement s’intégrer dans le paysage urbain guingampais. Il n’aura pas de toit pointu, d’une hauteur tout à fait raisonnable de sept mètres.
Le lundi 7 décembre 1992, le chantier du futur complexe culturel du Champ au Roy démarre.
Michel Velly nous donne quelques clés pour interpréter ce bâtiment emblématique de la ville de Guingamp.
Ce bâtiment « subtil » est très long, une centaine de mètres mais pas très haut : 7.20m. Ses murs épousent le tracé des anciens remparts qui étaient le point de rencontre entre la cité et la campagne. Aussi, nous avons voulu lui permettre de dialoguer avec son environnement, en imaginant un bâtiment ouvert, accueillant, qui invite à la rencontre, tel un point de passage. Ce grand portique qui symbolise les remparts, se doit également d’assurer la transition du centre-ville en direction du jardin public. Dans la façade de l’office du tourisme qui évoquera le pli et le claquement d’un drapeau celui de la Bretagne évidemment !!! « Nous avons eu le souci d’obéir à la géométrie du temps » L’idée était bien d’inscrire le bâtiment dans le patrimoine historique guingampais « utiliser l’histoire comme un matériau » !!! « Nous avons voulu l’intégrer et l’aligner sur le tissu urbain de Guingamp qui n’a pas été tracée au cordeau, et qui est une ville historique magnifique ». Cette « intégration » passe encore par les couleurs de la pierre (celle du granit rosé) qui respecte les teintes dominantes de la ville. Nous avons voulu installer le centre culturel sur le tracé des remparts et du château de Pierre II ; il est là pour remplir le rôle de porte de la ville. Un édifice sobre et urbain, à la hauteur des enjeux de l’identité culturelle. Notre cabinet s’est préoccupé surtout de son aspect extérieur mais également de l’usage. L’intérieur a été conçu en bonne intelligence avec l’esprit des lieux.
Des aménagements ont été prévus autour de ce centre culturel afin de conférer au lieu une identité forte, sans gommer la polyvalence de cette place.
La bibliothèque se développe sur 1 000m2, au rez de chaussée se situent : l’office du tourisme, les écoles de dessin et de musique, le club de bridge et des sanitaires publics. Sur la gauche du bâtiment, une esplanade qui se dégage derrière le « rempart » est un lieu d’animations. Son traitement en forme « d’amphithéâtre », organisé autour d’un immense échiquier sera propice aux spectacles. On l’appelle « place de l’échiquier » ou square Albert Lissilour.
Une porte ouverte est organisée
La directrice de cette nouvelle bibliothèque, Madame Hélène Hamon, va devoir gérer les 4 000 visiteurs en deux jours, de cette porte ouverte ! Cette participation confirme bien de l’intérêt porté par les Guingampais et sûrement des communes environnantes (grand Guingamp) à cet outil de développement de la culture. La fréquentation, le mercredi et le samedi se situe entre 600 et 700 lecteurs et en moyenne, depuis l’ouverture, ce sont 470 lecteurs qui sont accueillis chaque jour, tous âges confondus. Un catalogue informatisé de ce que l’on peut trouver (romans, histoire, arts, poésie, sports, sociologie, presse…) est accessible sur minitel et ainsi faire son choix à la maison. Les lecteurs peuvent disposer d’environ 10 000 ouvrages. Mais également, dans le secteur audiovisuel de cassettes vidéo, cassettes audio, CD…
La bibliothèque enregistra les deux premières semaines pas moins de 1000 inscriptions, ce qui note l’importance du livre pour la population et affirme aussi le rôle irremplaçable que joue une bibliothèque qui permet à tout un chacun de se constituer sa propre culture. C’est également un lieu d’animation où pourront prendre place : des expositions temporaires, des rencontres avec des auteurs…
Dans une salle ménagée spécialement, un impressionnant fonds d’archives communales qui remontent au XVe siècle est mis à la disposition des chercheurs, historiens, passionnés ou des étudiants…. Ces documents sont fragiles, mais ils sont, en 2020, consultables en ligne gratuitement. On peut également consulter, sur rendez-vous, des milliers de livres anciens du XVe au XIXe siècles, issus des confiscations révolutionnaires provenant des monastères ou couvents établis dans la région de Guingamp.
Inauguration
Inauguration officielle par le ministre de la culture Jacques Toubon, à sa droite Daniel Pennec, premier adjoint au maire, à sa gauche le maire Albert Lissillour.
Elle eut lieu le samedi 25 juin 1994, par le ministre de la Culture et de la Francophonie, Jacques Toubon (du gouvernement de cohabitation de François Mitterrand, premier ministre Édouard Balladur). Le conseiller municipal Jean Pierre Ellien, adjoint à la culture de la ville de Guingamp, prononça une double allocution, d’abord en breton, puis en français !
Cette médiathèque est dite moderne, son utilité est indéniable par contre son architecture ne fait pas l’unanimité. Peut-être que les Guingampais et les visiteurs n’auront pas appréhendé cet édifice à sa juste valeur, probablement par manque d’explications sur place. On entend souvent que l’esthétisme architectural des lieux est lourd et agressif, sans âme…
La médiathèque de Guingamp est pionnière dans l’architecture bretonne
Ses architectes ont voulu rompre avec l’architecture traditionnelle, moderne modérée, place à la modernité pure et dure, efficace et simplicité !
Pendant les Trente Glorieuses (période historique comprise entre 1946 et 1975 au cours de laquelle la plupart des pays occidentaux connaissent une importante croissance économique et une amélioration du niveau de vie), le métier d’architecte est perçu et ressenti d’une manière ambiguë. En effet la production d’une architecture de masse basée sur des modèles types s’impose tout en permettant la généralisation du confort moderne. Quelques grands noms se partagent la plupart des chantiers de reconstruction d’un territoire ravagé par la guerre, puis d’urbanisation intensive du pays. Cette génération d’architectes s’est formée dans des écoles dispensant l’enseignement académique de l’Institution des Beaux-Arts, dont le concours du Grand Prix de Rome faisait office de rite de passage, avec des perspectives de carrières prospères pour les lauréats.
À la fin des années 60, suivant le profond désir de changement sociétal que connaît le pays, ce système est remis en question. La nouvelle génération d’architectes rejette à la fois la logique des grands ensembles et l’enseignement traditionnel des Beaux-Arts. Elle veut repartir de zéro, se mettre en quête de nouveaux modèles et révolutionner toute la production architecturale. Elle a rejeté le vocabulaire de l’architecture traditionnelle bretonne, s’est engagée dans une démarche conceptuelle et démontré que l’on pouvait être moderne en Bretagne. Michel Velly, architecte de la médiathèque de Guingamp peut être considéré comme l’un des fondateurs de ce « mouvement », de cette tendance. On n’est plus dans le régionalisme !
C’est pourquoi la municipalité de Guingamp a fait appel à un concours d’architectes puisque l’ère du Grand Prix de Rome, du mandarinat, a disparu.
Mais en 2016, se pose la question de l’arche du Champ au Roy.
En effet, la municipalité conduite par Philippe le Goff, soulève « l’idée de supprimer cet édifice qui vieillit mal et qui obstrue et morcelle la vue, notamment celle de la basilique ». Cet ensemble médiathèque, arche avaient été mûrement réfléchi en 1992 par la municipalité et les architectes qui voulaient les inscrire dans le patrimoine historique de Guingamp.
Cet ensemble constitue une « œuvre d’art » et les architectes qui en ont la propriété intellectuelle (article L111-1 et 112-2) proposaient de réduire l’arche d’un tiers sur sa longueur et d’alléger la structure en retirant quelques éléments horizontaux. Donc il n’y aura aucune destruction totale de l’arche ; mais une rénovation sera entreprise en concertation avec les concepteurs.
En 2017 sera mis en place une Aire de valorisation de l’architecture et patrimoine (AVAP) sur le territoire conduite par le cabinet d’urbanisme K Urbain de Fougères (35). À la lecture du rapport de l’étude, de cet ensemble médiathèque-arche il n’en est fait aucune allusion ?
Mise en place de l’œuvre d’art moderne « Anima »
En juin 2019 le square Albert Lissillour est transformé en place d’exposition permanente d’une œuvre d’art contemporaine dénommée Anima. Cette œuvre d’art est constituée de 8 blocs de taille différente, le plus haut culminant à 4 mètres. Elle est signée par les artistes Roch Robaglia, Aline Bison (de Chambéry) et Pierre Bueno (Vieux Marché). En béton armé, creux, aux formes turgescentes et arrondies, elle est recouverte de pièces de mosaïques et de verre.
La volonté de la municipalité était de conforter la dimension de la ville de Guingamp, après l’aménagement des berges du Trieux, les jets d’eau de la place du Centre et le nuage d’eau de l’Arpenteur de la place du Petit Vally. Également de créer une « aspiration visuelle » vers cette entrée du Centre-ville à travers la disposition des différents modules sur la place et ainsi inviter à la déambulation !
Les concepteurs nous expliquent : « chacun est libre de s’approprier cette œuvre à sa manière, nous avons travaillé sur quelque chose de mouvant, fluide et vivant, qui émerge ». Anima amène du dynamisme dans ce lieu, l’idée étant de proposer une expérience déambulatoire aux Guingampais autour des huit éléments. Anima changera d’aspect en fonction du temps et du moment de la journée grâce aux reflets du soleil dans les pièces de verre, par un jeu d’ombre sur le sol et l’écoulement de l’eau sur la structure les jours de pluie.
En fait, cette œuvre d’art confirme que la municipalité veut faire entrer l’art contemporain dans la cité guingampaise.
Cette politique culturelle s’inscrit, depuis les années 1980, dans une politique nationale prônée par le ministre de la culture Jack Lang. Néanmoins, à Guingamp, de vives réactions se font entendre et sur les réseaux sociaux ! Anima déplait fortement ; cette image ne colle pas à l’image de la ville.
Nous changeons d’ère, le monde est en mouvement, certains vous diront que nous allons « dans le mur ». Mais laissons le temps au temps et comme dit l’adage populaire : « qui vivra, verra » !
Conclusion
Les constructions d’aujourd‘hui sont le patrimoine de demain. Mais je ne suis pas sûr que ces œuvres traversent les siècles comme ont fait la basilique, les maisons à pan de bois, les couvents… certes avec quelques entretiens et modifications au courant des siècles.
Mais il nous faut vivre avec notre temps, l’Homme a évolué et avons-nous le souci des générations qui vont nous succéder, je n’en suis pas sûr non plus. L’individualisme l’a atteint, partout dans le monde ; nous sommes maintenant dans l’immédiateté dans tous les sens du terme. Et finalement, faire et défaire c’est aussi travailler !!!
Jean Paul ROLLAND, novembre 2020
Bibliographie
- Documents prêtés par Jean Louis Pinson
- Rapport des sondages archéologiques de la DRAC
- Photos : Antoine Riou, Jacques Duchemin, Guy Rault, Jean-Pierre Colivet