Le maquis de Kerloc’h
Par M. Jean-Paul ROLLAND
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Il y a 80 ans : le maquis de Kerloc’h
Le 7 août 1944 Guingamp est enfin libéré après 1 510 jours d’occupation. Vers 21 h 00 les derniers combattants ennemis rendent les armes aux patriotes de Plesidy/Coat-Mallouen servant d’infanterie à la colonne américaine qui elle disposait de l’indispensable artillerie pour faire la différence.
Vers 17h00 l’assaut a été décidé de manière coordonnée entre les alliés et le maquis.
Dans la soirée les Allemands seront également aux prises avec le maquis de Plouisy du côté de Pont Ezer.
Parmi les combattants de ce qui était aussi appelé maquis de Plésidy il est un petit maquis au destin tragique et glorieux dont l’épopée mérite d’être contée.
Il est resté dans la mémoire sous le nom de maquis de Kerloc’h (commune de Saint Fiacre) et pourtant il est surtout lié aux communes de Guingamp et de Ploumagoar.
L’histoire
À l’automne 1943 Fernand Bonnet, originaire du Creusot, vient se réfugier à Guingamp avec sa famille. Il a fui la capitale car poursuivi par les occupants pour actes de résistance. Professionnel reconnu il est rapidement embauché par l’usine Tanvez comme chef d’atelier.
L’usine Tanvez est alors réquisitionnée par les Allemands pour produire des munitions. Fernand Bonnet va y déployer si peu de zèle que les Allemands vont s’en apercevoir et le menacer de l’envoyer travailler en Allemagne avec son équipe. Il en a été averti par Hubert Couquet son directeur.
C’est l’occasion qu’attendait Bonnet pour prendre le maquis, ce qu’il fait le 15 mai 1944 suivi par une quinzaine de ses ouvriers. Il organise son camp dans la forêt de Malaunay.
Rapidement, au fur et à mesure, son maquis s’étoffe en particulier de jeunes gens de Ploumagoar, mais il doit trouver un endroit plus en sécurité afin d’éviter les délations. Ce sera fait lorsqu’il investit le bois de Kerloc’h sur la commune de Saint Fiacre, autour d’une grande fontaine non loin du Trieux et de la route Guingamp/Corlay. Son maquis est organisé sur un mode militaire avec uniforme et règlement très strict qu’il rédige lui-même. Ce maquis fait partie de l’Armée Secrète animée par des Résistants Guingampais bien connus : Dathanat, Les Frères Le Cun, Branchoux…
Le 27 juillet 1944 c’est l’attaque du maquis de Coat-Mallouen par une troupe ennemie nombreuse. Devant le nombre et après avoir infligé des pertes sévères aux assaillants, le Lieutenant Robert, chef de ce maquis, ordonne le repli vers Duault. Bonnet, alerté de cette attaque, va venir à l’Etang Neuf couvrir cette retraite en se plaçant en embuscade, sur la digue de l’Etang Neuf. Là aussi, il faut rompre le combat devant le nombre, en se dégageant vers la chapelle du Médic en Plésidy. Malheureusement Bonnet et ses compagnons vont faire face à un bataillon de parachutistes venant en renfort des Allemands, venus de Scrignac. Il tombe glorieusement les armes à la main avec deux de ses soldats. Jean Baptiste Garlantezec de Ploumagoar est déjà tombé lors du repli. Les autres se cachent dans les fermes alentour pour échapper aux Allemands. L’un d’eux, Edouard Guillou de Ploumagoar, est retrouvé, emmené à Scrignac et fusillé le 30 juillet.
Au total ce petit maquis aura perdu six de ses membres dont son chef, au terme de ces combats.
Les rescapés de cette journée sanglante vont participer à la libération de Guingamp après avoir combattu au château de Keribot et sur la route de Callac où deux maquisards de Ploumagoar Désiré Le Guilcher et Edouard Peurou vont donner leur vie.
À partir de la libération de Guingamp les troupes du maquis de Kerloc’h vont s’amalgamer avec les autres compagnons du maquis de Plésidy. La plupart rejoindront, dès le 1er septembre, le front de Lorient où ils vont combattre jusqu’au 10 mai 1945.
Fernand Bonnet repose au cimetière de la Trinité près de l’un de ses compagnons (Jules Orban).
Une ultime photo sera prise à la caserne de la tour d’Auvergne. A ce jour, sur 29 maquisards, 20 ont été identifiés dont 11 de Ploumagoar.
Texte et photos de Claude le Guévellou et Jean Paul Rolland. Septembre 2024
Un grand remerciement à Madame Jeannine Paubert, née Bonnet, qui n’est autre, que la fille du lieutenant Fernand Bonnet. Elle nous a confié ses souvenirs et donné sa confiance pour la rédaction de l’histoire tragique de ce maquis qui a secondé le maquis de Coat-Mallouen lors de son repli, vers la forêt de Duault.
Si éventuellement un lecteur de cet article reconnaissait les maquisards numéros : 4- 10-11-12- 13- 16-18-26-27, il serait cordialement invité à prendre contact avec nous :
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