Notre Dame de Montligeon
Par Jean Paul Rolland, juillet 2018
Complément du 5 août 2025 par J.-P. Colivet
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Quelle est la signification de cette statue dans la basilique de Guingamp qui passe souvent inaperçue ?
C’est une statue du XXème siècle que l’on désigne également sous le titre de statue saint-sulpicienne[1], c’est-à-dire statue polychrome en plâtre.
La Vierge Marie présente Jésus enfant, symbolisant ainsi la vie éternelle. À ses pieds, deux personnages féminins se ressemblent. L’une, suppliante, assise dans les flammes purificatrices du Purgatoire, échange un regard plein de confiance avec la Vierge-Marie qui lui tend la main en signe d’intercession. L’autre, les mains sur la poitrine, expression d’action de grâce, repose sur la nuée et reçoit des mains de l’Enfant-Jésus la couronne des élus. Ces deux femmes ne sont en fait qu’une âme dans différentes étapes de sa vie posthume.
Cette dévotion a été initiée par l’abbé Paul Buguet, curé de La-Chapelle-Montligeon (petite commune de la région du Perche, dans le sud-est du département de l’Orne) de 1878 à son décès en 1918. Préoccupé par la nécessité de prier pour les âmes des défunts ainsi que par celle de revitaliser l’économie de son village, il fonda en 1884 l’« Œuvre expiatoire pour la délivrance des âmes du purgatoire » et fut encouragé dans son action par le pape Léon XIII.
À Montligeon, la prière pour les défunts est vécue comme un geste de communion fraternelle avec ceux qui nous ont précédés.
Ici, à Guingamp, elle est située à côté de la chapelle des défunts. Elle a surement été acquise et mise à cette place, suite à la première guerre mondiale, afin de rappeler à ceux qui venaient invoquer leurs morts à la guerre une place au ciel pour une vie éternelle.
Jean Paul Rolland, juillet 2018
Compléments du 5 août 2025, par J.-P. Colivet
À Montligeon on peut admirer dans la vaste église néo-gothique la grande statue qui trône au-dessus de l’autel. Cette église est due à l’abbé Buguet, curé de la paroisse et à la fondation de l’Œuvre Expiatoire.
1. Le travail de l’abbé Buguet (Cf. Wikipédia)
Nommé curé de La Chapelle-Montligeon, l’abbé Buguet s’y installe le 1er août 1878. C’est un village fortement touché par l’exode rural. Voyant les forces vives de sa paroisse fuir la misère dans les villes, le curé, influencé par le catholicisme social d’Albert de Mun, s’enquiert de leur offrir du travail. Il s’y emploie de 1878 à 1884 en fondant successivement un atelier de fabrication de jerseys puis de dentelle et enfin une ganterie. Ces projets, après quelques premiers succès, échouent plus ou moins rapidement, essentiellement du fait des mutations techniques de l’époque.
Soucieux de la vie temporelle de ses ouailles, il ne néglige pas pour autant leurs besoins spirituels. Il remarque que les familles de plus en plus nombreuses, oublient petit à petit et parfois même rapidement leurs défunts. C’est un sujet qu’il affectionne particulièrement. La mort subite de son frère en 1876, écrasé par une cloche de l’église de Mortagne-au-Perche, ainsi que la mort de chagrin l’année suivante de ses deux nièces témoins du drame, pousse l’abbé à la réflexion : que sont devenues leurs âmes ? Ce n’est qu’en 1884 que l’abbé Buguet réalise l’idée qui le poursuit depuis tant d’années : fonder une association de prières pour les défunts. Le 4 octobre 1884, l’évêque de Séez, Mgr François-Marie Trégaro approuve la fondation de l’« Œuvre Expiatoire pour la délivrance des âmes délaissées du Purgatoire ».
Le zélé curé commence à voyager dans le Perche alentour, puis dans les diocèses de France, pour propager son œuvre. Celle-ci prend rapidement de la renommée. Dès 1893, le pape Léon XIII l’érige en « Archiconfrérie » et en 1895, il lui accorde le titre-privilège d’Archiconfrérie Prima-Primaria, ce qui fait d’elle l’œuvre Mère de toutes les associations dédiées aux âmes du Purgatoire. De 1895 à 1899, l’abbé Buguet étend son œuvre qui acquiert, grâce à ses nombreux voyages à l’étranger, une renommée internationale. Un secrétariat est mis en place à Rome sous la protection du cardinal Lucido Maria Parocchi. L’office des défunts est célébré chaque jour à la basilique Santa Maria in Montesanto, Piazza del Popolo (Rome).
Pour faire connaître davantage son œuvre et garder le contact avec les adhérents, l’abbé Buguet a l’idée de faire imprimer des tracts, des images et un petit bulletin dans une imprimerie qu’il fonde pour l’occasion. Il a ainsi réussi à lier les deux projets qui lui tenaient à cœur, la prière pour les défunts et le travail de ses paroissiens. Tous deux prendront une ampleur inimaginable…
2. Comparaison des deux statues (recherches via Gemini IA, ChatGPT et Mistral AI)
La statue de l’autel de Notre-Dame de Montligeon et celle de la chapelle des défunts de la basilique Notre-Dame de Bon-Secours de Guingamp partagent un thème commun lié à la prière pour les défunts, mais présentent des différences notables en termes de conception et de symbolisme.
La statue de Notre-Dame de Montligeon
• Auteur et date : La statue principale de Notre-Dame de Montligeon, qui surplombe le maître-autel de la basilique, est une œuvre du sculpteur romain Giulio Tadolini, installée en 1919.
• Dimensions et poids : Elle est monumentale, mesurant 3,7 mètres de haut et pesant 13 tonnes.
• Thème et symbolisme : Elle est connue sous le nom de « Notre-Dame Libératrice ». La Vierge Marie y est représentée avec l’Enfant Jésus. À ses pieds, deux figures féminines symbolisent une seule âme à différents stades : l’une, suppliante et enchaînée dans les flammes du purgatoire, attend sa libération ; l’autre, déjà libérée, reçoit de l’Enfant Jésus la couronne de la vie éternelle. Cette statue illustre de manière puissante le mystère de la Rédemption et l’intercession de la Vierge pour les âmes du purgatoire, qui est au cœur de la vocation du sanctuaire de Montligeon.
La statue de la chapelle des défunts de Guingamp
• Auteur et date : Il n’existe pas d’information précise sur un sculpteur pour la statue de la chapelle des défunts de la basilique de Guingamp. Cependant, il est fait mention d’une statue de « Notre-Dame de Montligeon » du XXe siècle, de type « saint-sulpicien », c’est-à-dire en plâtre polychrome, présente dans la basilique de Guingamp.
• Description : Cette statue, plus discrète, représente la Vierge couronnée tenant l’Enfant Jésus. Elle est figurée en train de sauver une âme du purgatoire. L’âme est représentée à genoux dans les flammes, les mains enchaînées tendues vers la Vierge.
• Symbolisme : Bien que plus modeste, son iconographie est très similaire à celle de Montligeon, reprenant le thème de l’intercession de la Vierge pour les âmes du purgatoire.
Comparaison des deux œuvres
Statue de l’autel de ND de Montligeon | Statue de la chapelle des défunts de Guingamp | |
Nom | Notre-Dame Libératrice | Notre-Dame de Montligeon (statue saint-sulpicienne) |
Auteur | Giulio Tadolini | Non précisé (type « saint-sulpicien » par Hippolyte Miquel) |
Date d’installation | 1919 | Début du XXe siècle |
Matériau | Inconnu (pierre ou marbre), mais massive (13 tonnes) | Plâtre polychrome |
Dimensions | 3,7 mètres de haut | 1,45 mètre de haut |
Thème | Vierge à l’Enfant intercédant pour les âmes du purgatoire | Vierge à l’Enfant intercédant pour les âmes du purgatoire |
Symbolisme | Deux âmes représentées : l’une suppliante l’autre libérée et couronnée par l’Enfant-Jésus. |
Une âme suppliante dans les flammes, mains enchaînées, tendues vers la Vierge. |
En conclusion, la statue de Montligeon et celle de Guingamp sont unies par leur mission de prière pour les défunts. La statue de Montligeon est une œuvre monumentale, commandée spécifiquement pour le sanctuaire et son message spirituel. La statue de Guingamp, bien que partageant le même thème iconographique, est une production plus courante de l’art religieux du début du XXe siècle, souvent associée aux « statues de saint-sulpiciennes ».
Note
[1] Expression inventée en 1897 par Léon Bloy pour qualifier les « bondieuseries » telles que les statuettes de saints ou les tableaux figuratifs des vitraux, au style quelque peu naïf et sans grand génie. L’expression s’explique par le fait que les alentours de l’église Saint-Sulpice de Paris, dans le nord du quartier de l’Odéon, regroupaient traditionnellement de nombreux magasins de livres, d’images et d’objets religieux.
Photo Guingamp : Jean-Paul Rolland
Photo Montligeon : Jean-Pierre Colivet