Rue du moulin au cuivre
Par M. Jean-Paul ROLLAND
Guingamp n’avait guère diversifié son économie depuis le Moyen Age. Elle avait même perdu la tradition de la métallurgie qui ne s’y est guère maintenue au-delà du XIVe siècle. Cette activité ne s’est développée que dans ses environs. Des forges avaient été établies au XVIe siècle en amont du Trieux, sur la paroisse de Saint-Péver à la lisière du bois d’Avaugour. En 1560, quarante ouvriers édifiaient un fourneau et achevaient les travaux hydrauliques. Elles étaient encore en activité lorsque Antoine Groslay, sieur de Saint-Pierre, fit marché avec René Brehaut, pour « construire une chaussée dit bied au travers de la rivière Trieu au-dessus des d’Avaugour ». C’est également lui qui, la même année, fait reconstruire à neuf « le fourneau à fonte et mine de fer au long de la chaussée de l’estang du chasteau de Coetmen, paroisse de Bourbriac ». Mais nous ne sommes pas davantage informés sur cette activité sidérurgique. Elle ne semble au demeurant avoir eu sur l’économie guingampaise qu’une influence limitée. Au XVIIIe siècle, des hauts fourneaux et des forges furent de même installés dans les forêts de Coat-an-noz et Coat-an-hay sans que leur production, fort modeste, ait pu influencer sensiblement le développement économique de la région.
Quelques tentatives furent menées pour implanter plus près de la ville une activité de transformation du métal. Le sieur de Kernilien-Le Demours établit, en 1757, au lieu depuis appelé Moulin à cuivre, une manufacture où l’on travaillait très utilement, écrit-il, « à la fonte de cuivre et à le battre au grand marteau pour en former des plaques de différentes grandeurs, dont les dinandiers de la Province venaient faire emplette à cette manufacture pour en former des cuves, marmites de cuivre rouge, casseroles et autres meubles qu’ils .faisaient venir ci-devant de l’étranger, et on continuera autant que les fonds ne manqueront pas pour rendre cette manufacture très considérable et enlever aux Normands ce commerce qu’ils font avec nous, tirant de cette Province plus de 1 000 000 de livres ». On ignore l’importance et la durée de cette production métallurgique. En 1792, une fonderie s’installera par ailleurs en ville, rue Saint-Yves, mais son activité fut éphémère et limitée.
La rue actuelle se situe en bas de Saint-Jean et serpente pour remonter sur le quartier du Petit-Lourdes.
Jean-Paul ROLLAND