l’Aqueduc
Le chemin de l’Aqueduc, devenu aujourd’hui rue de l’Aqueduc.
Nous nous retrouvons cette semaine au chemin (actuellement rue) de l’Aqueduc, à la limite de Guingamp et Pabu. L’endroit était encore très peu urbanisé au début du XXe siècle. Nous voyons à gauche le mur d’enceinte de la communauté de Montbareil, occupée alors les filles de la Croix qui avaient remplacé les sœurs de la Charité du Refuge, fondatrices du couvent en 1676. Le pignon de l’appentis est toujours en place, un deuxième s’est ajouté quelques mètres plus loin.
Au fond, des bois garnissent les hauteurs, le nouvel hôpital n’est pas encore sorti de terre. La vallée est occupée par des cultures maraîchères. On devine un chemin bordé d’arbres qui deviendra la rue de l’Alouette.
Alimenter la Plomée
L’élément principal de la photographie est l’aqueduc dont la fonction était d’alimenter la Plomée. Une première fontaine, se trouvant au bas de la place du Centre, recevait l’eau de Montbareil par une conduite directe passant par la rue de la Pompe. À la fin du XVIe siècle, la fontaine fut remontée en haut de la place, ce qui imposa la création d’un nouveau système d’alimentation. On réalisa donc une conduite surélevée franchissant le ruisseau des Lutins puis se dirigeant vers la place en traversant l’actuel Champ au Roy. Mais, sans doute mal conçu, l’ouvrage nécessitait des réparations constantes et onéreuses, les conduites de terre ou de plomb ne résistant pas aux hivers rigoureux du « petit âge glaciaire » du XVIIe siècle. La municipalité décida donc de construire un nouvel aqueduc, édifié de 1736 à 1743 et dont nous voyons les restes aujourd’hui.
Rien de romain
II débutait par un château d’eau, invisible dans les broussailles du bout de la rue. Cet élégant édifice en pierre recevait l’eau de source et permettait d’en régler le débit. Il est partiellement masqué aujourd’hui par un lavoir en ciment qui ne doit plus guère être utilisé que pour le nettoyage des voitures.
Le vallon est franchi par quatre arches en plein cintre. Nous voyons à gauche les pierres de démolition des trois autres. Un simple mur a été reconstruit à cet endroit. Malgré son aspect et les légendes farfelues de certaines cartes postales, cette construction datée sans équivoque du XVIIIe siècle n’a absolument rien de romain et il est dommage que le panneau « pédagogique » installé à son pied reprenne cette erreur grotesque.
En bifurquant à droite vers la ville, la conduite devenait souterraine pour descendre l’actuelle rue du général de Gaulle. L’abondance et la qualité des eaux descendant de Montbareil et Park Marvail avaient permis au XIXe siècle l’installation de la brasserie Souvestre. Son souvenir se perpétue dans le nom de la rue de la Brasserie dont les premières maisons suivent le mur du couvent,
Jacques DUCHEMIN,
pour les Amis du patrimoine
du pays de Guingamp