Guingamp la sportive
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Par M. Jean-Yves Le Solleu
L’effervescence sportive de cette année 2024 éveille des quantités de souvenirs et suscite même des révélations ; ce sera un souvenir… lequel remonte aux années 1950. Il ne m’avait jamais été évoqué de manifestations à l’échelle mondiale telles par exemple que celle des JO. Pourtant l’école primaire comportait des emplois du temps très exigeants en matière d’activité physique ; Quand était évoquée « la gym ! » le sujet était tout à fait pris au sérieux ; des concours interscolaires avaient lieu, donnant l’occasion d’un déplacement en car et rien que ça méritait qu’on s’intéressât à « la gym ».
À Guingamp l’équipe de basket s’entraînait au stade Charles de Blois ; sa notoriété était grande dans le département car elle organisait des cessions de formation dans quelques communes de l’arrondissement : Bégard, Saint-Agathon, Buhulien, par exemple ; belles occasions aussi de prendre le car pour une virée !
Mais aussi et surtout — cela nous échappait de l’idée, qui ne lisions pas l’Ouest-France — la réputation de l’équipe Charles de Blois était belle et bien établie sur le plan national… et pour cause ! Plusieurs fois championne de France alors qu’En Avant faisait déjà des prouesses, l’équipe de France de basket, s’illustra en championnat d’Europe en sorte qu’Il en résulta bientôt dans la presse nationale une réputation de Guingamp « ville la plus sportive de France ».
La réputation de l’équipe nationale de basket n’était pas usurpée et celle de Charles de Blois encore moins quand on sait qu’elle ne comptait pas moins de trois guingampais… Josselin, fils du marchand de vélo de la rue Ernest-Renan et par ailleurs également coureur cycliste, puis Flancher, et Platier
On peut supposer que la réputation crée de grands mouvements puisqu’un jour – était-ce en 1953 ? – nous voyons en ville des affiches selon lesquelles the American students of London allait venir jouer chez nous, à la salle municipale. Evènement !
Et quel honneur ! La salle municipale servait surtout à abriter une partie du marché du samedi, quelques expositions temporaires, des manifestations associatives mais la voici « élevée à la dignité » de recevoir un match d’intérêt international !
Grande bâtisse du genre hangar métallique encore couverte de panneaux de vitrages couverts de peinture bleue — souvenir de la guerre et de la « défense passive » les parois verticales périphériques garnies de brique rouge entre les montants métalliques.
Un ensemble assez homogène et qui n’était pas disgracieux, mais de là à accueillir un match international ! Il ne me souvient pas si des paniers existaient déjà, du moins cette fois-là on fignola tous les détails : il fallait trouver suffisamment de gradins d’autant que l’on pouvait bien s’attendre à une affluence extraordinaire.
Le journal fit grand cas d’un succès retentissant ; il est probable que bien du public ne put en connaître que les articles dithyrambiques du journal Ouest-France ; Le télégramme lui-même en avait probablement parlé tout finistérien qu’il fût. On parla longtemps de cet exploit : il ne me souvient pas du score quoiqu’il soit permis de penser que des étudiants — fussent-ils américains — ont dû « prendre la pâtée », comme on disait déjà !
Or advint l’apothéose ! C’est l’Équipe » qui fit le grand « barouf » : ayant sans doute entendu parler de nos « invincibles », les fameux, les illustres, les artistes même que sont les Harlem Globe Trotters étaient annoncés pour rencontrer le Stade Charles de Blois basket ! À Guingamp qui plus est ! On peut supposer que l’état de frénésie ne fut pas celui du seul Stade Charles de Blois mais également celui de la municipalité : le phénomène relève de l’international : des « Ricains », à nouveau à Guingamp ! Dix ans après ! La dernière fois qu’on avait vu des noirs, des soldats, cela en avait surpris et étonné plus d’un. Et là tous savaient déjà d’où ils venaient : d’Amérique : on osait à peine y croire malgré le prestige du stade.
Et ce fut un triomphe retentissant On peut supposer que le Stade ne fut peut-être pas vainqueur cette fois, n’étant pas aussi acrobate que l’adversaire. Les détails m’échappent mais l’enthousiasme, lui, ne peut s’étouffer.
Jean-Yves Le Solleu, septembre 2024
American school in London : cf. Wikipedia