La tragédie de Malaunay

La tragédie de Malaunay

Par MM. Claude le Guévellou et Jean Paul Rolland

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Il y a 80 ans la tragédie de Malaunay

 

Le massacre de Malaunay a fortement marqué la mémoire collective de notre région Guingampaise. Alors que les combats de la libération font rage, que les maquis bretons sont déjà aux prises avec l’occupant et que les forces alliées (essentiellement américaines) vont bientôt effectuer leur percée vers la péninsule bretonne, un massacre va être perpétré près de Guingamp.

 

Hommage aux victimes du massacre de Malaunay

 

Le contexte de l’époque

La forêt de Malaunay située à 5km de Guingamp appartient alors à l’usine Tanvez qui y a creusé des fosses pour entreposer les munitions qu’elle fabrique. Rappelons que l’usine est réquisitionnée par l’occupant pour y fabriquer des munitions destinées à son effort de guerre. Les fosses profondes d’environ un mètre sont creusées de part et d’autre du grand chemin de deux kilomètres qui relie la RN 12 à la chapelle de Malaunay.

 

Le déroulé des événements

  • Le lundi 10 juillet 1944 vers 6h00, 17 détenus sont extraits de la prison départementale de Saint Brieuc où la police allemande (Gestapo) a réquisitionnée une aile pour ses sinistres activités.
  • Ils sont menottés deux à deux et on leur explique qu’ils vont être déportés en Allemagne.
  • Vers 8h00 un convoi composé d’un camion et de véhicules légers se présente à l’entrée du bois de Malaunay. Le gardien du domaine est invité fermement à s’enfermer chez lui. Il entendra des gémissements au passage du camion puis cinq à six détonations quelques instants plus tard. Le convoi allemand ressortira du bois par la chapelle de Malaunay en empruntant le passage à niveau.
  • Le lendemain, un enfant jouant près d’une fosse sommairement comblée découvre la présence de corps humains. Le gardien de la propriété prévient aussitôt Hubert Couquet directeur de l’usine Tanvez qui lui-même avise les autorités (sous-préfet et Procureur).
  • Le mercredi 12 juillet 1944 les ouvriers de l’usine exhument 17 cadavres qui sont alors photographiés, numérotés puis réinhumés afin de permettre une identification ultérieure. Un schéma est même réalisé.

 

La libération de la région Guingampaise

  • Elle intervient le 7 août 1944 au soir d’une journée de combat qui a mis aux prises une colonne de la Task Force Américaine soutenue par les maquis locaux et les occupants.
  • A cette occasion deux civils de l’Institut Salésien de Coat an Doc’h sont abattus sans raison par une troupe allemande en déroute du côté de la chapelle de Malaunay.
  • Le 22 août 1944 on procède à l’exhumation des 17 martyrs en présence des familles qui vont alors pouvoir faire procéder à des obsèques dans leurs communes respectives.

 

Les victimes

  • Sur les 17 victimes on dénombre 14 membres de mouvements de résistance et 3 victimes civiles. Il faut y rajouter les deux civils de Coat an Doch.
  • Parmi ces figures de la Résistance émergent celles de l’abbé Fleury et de Jean Métairie de Saint Brieuc responsables de l’armée secrète en Côtes du Nord. Autre figure marquante : Yves Marie Derriennic marin de l’état qui rescapé du torpillage de son navire lors des événements de Dunkerque, s’investit dans la Résistance. Il échappe de peu à une rafle à Loc-Envel et part se réfugier à Ploubezre où il intègre le maquis de Kerguiniou. Après des échanges de tirs avec une troupe de la Felgendarmerie de Plouaret, il est blessé et remis à la Gestapo de Saint Brieuc.
  • Les résistants membres de mouvements différents (FTP, AS…) unis à jamais dans le martyre provenaient pour une part égale du Trégor (Plounevez Moedec, Cavan, Plouaret…) et du pays Gallo (Lamballe, Saint Brieuc, Plerneuf…).

 

 

 

L’hommage rendu aux victimes

Le 10 juillet 1949 la grande stèle est inaugurée à l’entrée du bois le long de la RN 12.

Chaque 10 juillet lors d’une grande cérémonie organisée par la commune de Ploumagoar, un temps de recueillement empreint d’une grande émotion est partagé par des représentants des familles, est organisé devant la fosse.

Croix commémorative de : Prosper Dubois et Françis le Ny, civils tués le 7 aout 1944 à côté de la chapelle de Malaunay (Saint Agathon)

 

 

Liste des victimes figurant sur la stèle de Malaunay

Eugène Fleury 41 ans résistant

Jean Métairie (père) 57 ans résistant

Jean Caro 21 ans résistant

Yves Charpentier 22 ans résistant

Yves-Marie Derriennic 37 ans résistant

Robert Hamel 19 ans victime civile

Francis Hamon 22 ans résistant

Marcel Languillé 21 ans victime civile

Yves Le Berre 22 ans résistant

Jean Baptiste Le Dû 22 ans victime civile

Joseph Le Dû 35 ans résistant

Emile Le Guennec 23 ans résistant

Louis Le Maître 21 ans résistant

François Quéré 20 ans résistant

Marcel Le Roux 24 ans résistant

Jean Métairie (fils) 17 ans résistant

Emile Moulin 44 ans Absent de la fosse. Dcd à Plélo le 9 juillet

Armand Ollivier 22 ans résistant

Prosper Dubois 46 ans civil Décédé le 7 août

Francis Le Ny 17 ans civil Décédé le 7 août

 

À ce jour, seul un mystère demeure : ont-ils été vraiment tués à Malaunay ? Pourquoi deux heures pour effectuer le trajet Saint Brieuc-Malaunay ?

 

Claude le Guévellou – Jean Paul Rolland. Septembre 2024

 

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