Place de Verdun

Place de Verdun

Par M. Maëlwenn DAREAU

 

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Cette place, bien connue des Guingampais, fut depuis longtemps, un lieu de passage, un lieu hospitalier, d’éducation, de justice, de culture et bientôt de tourisme…

Remontons son histoire, afin de découvrir cette place au fil des siècles, là où se mêlent celles de la ville et de la France…

Un carrefour

C’est avant tout le carrefour central de l’entrée de la ville, celui qui relie la rue Saint-Nicolas (où jadis passait la route nationale 12 jusqu’en mars 1976) à la Porte de Rennes et la place du Vally au Monastère des Augustines. Toutefois, il ne faut pas confondre le parking de la place de Verdun et le rond-point actuel du même nom… Nous allons tenter de retracer son histoire…

Ainsi donc, ce carrefour, dans un premier temps sans nom, sera baptisé au gré des constructions et de l’histoire : ainsi, on citera « Place de l’Hôpital » (référence à l’hôpital tenu par les Augustines), « place du Collège » au début du XIXe siècle dont nous parlerons plus loin. Cette place devint un temps « place de la sous-préfecture » après 1910, à la suite du transfert de l’hôpital à Pabu. Son nom provient de celui de la maison du numéro 6 de la place de l’hôpital, appartenant à la Famille Aulanier, appelée également aujourd’hui « maison Fournis », ancien bâtiment de la sous-préfecture.

Enfin, la place prendra son nom actuel de Place de Verdun en 1926…

L’aménagement de ce carrefour variera au rythme des siècles au vu de la circulation et de l’augmentation du trafic automobile. La place sera aménagée avec la construction d’un petit rond-point triangulaire (fin du XIXe et début du XXe), puis au début des années 1950 des îlots directionnels l’agrandiront et enfin l’actuel rond-point en forme de haricot sera construit dans les années 1990.

De nombreux guingampais commettent l’erreur de dénommer le parking « Place de Verdun » (ce qui est vrai en partie) et la place de Verdun « Rond-Point du Vally ». Cette place de Verdun, englobe donc le Rond-Point et le parking du même nom…

Je ne vais pas revenir sur l’histoire des différents bâtiments, lieux autour de cette place, à l’exception du parking, dont je vais approfondir l’histoire…

Avant le parking actuel

Avant d’être parking, ce lieu a eu une histoire qui se mêle au carrefour du même nom !

Il faut se référer au plan de Robien de 1756, pour commencer à apercevoir ce qui deviendra deux siècles plus tard la Place de Verdun (parking)….

Sur ce plan, ainsi que celui de 1778, dédié à Monseigneur du Bourblanc, nous notons la présence d’un Hôtel-Dieu, qui deviendra l’Hôpital Général.

Dans son mémoire, « L’urbanisme à Guingamp au XVIIIe siècle, Patrick HENRY (membre de l’Association des Amis du Patrimoine de Guingamp), écrit : « Étant donné l’insuffisance de l’hôpital de la Délivrance (intra-muros créé par Charles de Blois), un second fut créé au-devant de la porte de Rennes, sur la paroisse de la Trinité. Ce bâtiment, qui menaçait de ruine, fut reconstruit en 1676, et devint l’hôpital général, encore appelé Hôtel-Dieu ; de Robien (extrait de son ouvrage « Histoire ancienne et naturelle de la Province de Bretagne) a écrit qu’on y élevait les enfants ».

Au début du XIXe siècle le Collège de Guingamp (fondé en 1620, et installé près de l’église Notre-Dame) s’installe dans les bâtiments de l’ancien hôpital général (cf. article sur l’hôpital général). Mais en 1830, faute de moyens, et d’élèves, ce collège fermera ses portes.

De cet établissement, Benjamin JOLLIVET écrira : « Le collège occupe l’emplacement de l’ancien hôpital général, fondé par l’abbé Poenes. Cet édifice moderne (1834) aux proportions assez vastes, mais construit sans solidité et sans goût, sert aujourd’hui tout à la fois d’hôtel de ville, de justice de paix, de bureau de police, de collège et d’école primaire communale ».

Après la Loi Guizot de 1830 stipulant qu’une école primaire et une école primaire supérieure doivent être ouvertes, Guingamp se dotera de nouveaux bâtiments qui seront construits à partir de 1832 entre la rue Saint Nicolas et la rue de la Trinité, pour accueillir ces dernières.

Simonne Toulet, dans son ouvrage, Vivre à Guingamp au XIXe siècle, écrit « La municipalité opta pour la solution radicale : elle décide de raser toutes les vieilles constructions entre la rue Saint-Nicolas (vieille chapelle de l’hôpital général) et la rue de la Trinité (une auberge appelée Ty Corn formait le coin de la rue) et d’entreprendre l’édification d’un vaste édifice avec préaux, cours et jardins où seront installée l’école primaire élémentaire, l’école primaire supérieure, toutes les deux « communales » et le collège. Les travaux débutent en 1834, et se termineront pour la rentrée de 1836. Dans le même ouvrage, Simonne Toulet décrit le Collège ainsi : « le bâtiment se composait d’un rez-de-chaussée surmonté de deux étages se développant derrière une façade crépie en blanc sur laquelle s’ouvraient 45 fenêtres ou portes (au rez-de-chaussée). Un fronton triangulaire orné d’un œil de-bœuf ornait la façade en son centre au niveau du toit. En avant se trouvaient des cours, des préaux… le tout enclos de murs ».

En 1863 sera construit une chapelle (terrain propriété de la Ville mais les pierres appartiennent au Collège) propre à l’établissement en bordure de la rue Saint-Nicolas. Cette chapelle sera détruite pour y construire le commissariat de police dans les années 1960 (aujourd’hui détruit pour faire place à un immeuble).

En 1869, le collège déménage dans les bâtiments de l’ancien couvent des Capucins qui deviendra l’Institution Notre Dame. Ce déménagement permet la construction d’une nouvelle école primaire communale de garçons. Simonne Toulet écrit « la section élémentaire et la section supérieure occuperont désormais tout l’ancien Collège (…) la cour de devant sera débarrassée de tous les édifices qui s’y trouvent ; sauf celui de l’angle de la rue Saint-Nicolas qui servira de conciergerie et de parloir… » L’École primaire supérieure de garçons déménagera à son tour en 1926 dans les bâtiments de l’ancien monastère des Augustines… En effet, au début du XXe siècle l’hôpital déménage sur les hauteurs de Pabu et la ville rachète le monastère.

Herve LE GOFF, dans son livre « Les riches heures de Guingamp des origines à nos jours » écrit : « la démolition (1926) du vieux collège dégagera, vers l’est, entre les rues Saint-Nicolas et de la Trinité une esplanade bientôt appelée place de Verdun ». Nous pouvons encore aujourd’hui, apercevoir le mur d’enceinte de ce vieux collège au fond du parking…

Un dispensaire sera construit place de Verdun, la « Maison de l’Enfance », au début des années 1930, par Georges Robert Lefort, architecte de la ville (cf. article sur l’hôpital). Ce bâtiment deviendra par la suite la charcuterie Guézennec, fermée depuis 31 octobre 2020.

Dans le Bulletin des Amis du patrimoine de Guingamp sur le paysage urbain, écrit sous la direction de Simonne Toulet, il est écrit : « Lors du transfert de l’hôpital sur Pabu, la municipalité avait acheté l’ancien monastère des Augustines dont elle rêvait de faire son Hôtel de Ville. Du fait de diverses circonstances, le classement par les beaux-arts, la guerre de 1914-18, l’urgence de reloger l’E.P.S. (école primaire supérieure), ces bâtiments étaient entièrement affectés à cette fin scolaire. Mais, dans les locaux de la place du centre, les services de la mairie étaient de plus en plus à l’étroit. Georges Robert Lefort fut chargé de concevoir un ensemble de bâtiments qui prendraient, entre la rue de la Trinité et la rue Saint-Nicolas, la place de l’ancien collège E.P.S. datant de 1840. L’élément essentiel en était un Hôtel de Ville englobant une bibliothèque municipale, et, à l’arrière, une salle des fêtes et un bâtiment destiné aux Pompiers. On lui adjoignait, au sud, un tribunal et le commissariat de police dans l’alignement de la poste de 1910. Vers le nord on équilibrait par un bâtiment plus modeste. En fait, par suite de difficultés financières que la crise des années 1930 empêcha de résoudre, ne furent construites que les deux ailes. À gauche on voit la Maison de l’Enfance qui a eu, depuis, d’autres affectations et à droite, le bâtiment occupé aujourd’hui par le Tribunal d’Instance sur le pignon duquel on peut y voir des pierres d’attente… Le projet était grandiose. Le style choisi était imité de celui du monastère des Augustines et l’entrée de la ville eût été, ainsi, dotée d’un superbe ensemble architectural ».

Il reste aujourd’hui, dans les archives de la Ville, le souvenir de ce projet…

 

Les dernières décennies et le futur

La Place de Verdun continuera sa transformation dans la seconde moitié du XXe siècle, avec l’installation du Centre culturel Ropartz Hémon crée en 1971, dans les anciens locaux des Sapeurs-pompiers (avant son déménagement rue de la Trinité dans l’ancienne caserne de la Remonte), place de Verdun. Le Centre culturel déménagera en 2012 pour s’installer sur le champ au Roy.

Dans les années 1970-1980, des bâtiments préfabriqués abriteront le Syndicat d’Initiative et les locaux de différents organisations syndicales. Après la destruction de ces préfabriqués, le parking actuel verra le jour.

Depuis quelques années, de nouveaux projets apparaissent pour cette place. La municipalité à un projet de réaménagement des lieux, englobant la place du Champ au Roy et celle du Vally. Le futur Office de Tourisme doit emménager dans les locaux qui abritaient l’ancien Centre Culturel Breton.

Un projet municipal d’aménagement est en cours, malheureusement retardé par les conditions sanitaires actuelles. L’objectif de cette rénovation s’appuiera sur le partage de la voierie par tous les usagers : « cyclistes, piétons, personnes à mobilité réduite, transports en commun, automobilistes et autres en résorbant les points noirs pour les différents modes de transport (Houssine Aatach, adjoint au maire, Ouest-France du 13 octobre 2020) ». Peut-être que les fouilles préventives nous en apprendrons un peu plus ? À suivre…

La place de Verdun reste ce carrefour à l’entrée de la Ville… Beaucoup d’automobilistes empruntent le rond-point ou se garent sur le parking… Prenez le temps de vous y arrêter, fermez les yeux, et plongez-vous dans son histoire…

Maëlwenn DAREAU, avril 2021

Sources

  • Patrick HENRY : L’Urbanisme à Guingamp au XVIIIe siècle
  • Benjamin JOLLIVET : Les Côtes du Nord, Histoire et Géographie de toutes les villes et communes du département
  • Simonne TOULET : Vivre à Guingamp au XIXe siècle
  • Hervé LE GOFF : Les riches heures de Guingamp des origines à nos jours
  • Le Bulletin des Amis du Patrimoine : Le Paysage urbain
  • Les Archives Municipales : Les côtes 1M6 et 1M18
  • Jacques DUCHEMIN : Photos/cartes postales

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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