La prison et saint Léonard
Par M. Jean-Paul Rolland
La ville de Guingamp, à huit jours d’intervalle, a eu une pensée pour les personnes privées de liberté pour une raison ou pour une autre.
Le week-end des 26, 27 et 28 avril 2019, elle inaugure l’ancienne prison conservée non pas en un lieu privatif de liberté mais en centre culturel ouvert à tous.
Le dimanche 5 mai 2019, dans la chapelle Saint-Léonard, les fervents pratiquants catholiques ont honoré le saint patron du lieu, patron de prisonniers et des laissés pour contre de la société. Le pardon de saint Léonard a lieu le premier dimanche de mai.
La chapelle Saint-Léonard est le plus ancien bâtiment de Guingamp. Elle dépendait du prieuré de Saint Sauveur et elle était bâtie au flanc du coteau de Castel Pic, peut-être à l’emplacement d’une tour de guet surveillant les gués sur le Trieux (les roudourou) au XIe ou au début XIIe siècle.
Une vieille tradition la rattache au retour miraculeux de quelques pieux chevaliers croisés, prisonniers en Terre Sainte, ce qui explique sa dédicace à Saint Léonard, patron des prisonniers. La statue du saint, en bois polychrome, sur son support de procession, tient dans sa main gauche une tour symbolisant la prison ; dans sa main droite, auparavant, il tenait une chaîne de prisonnier avec les fers, malheureusement disparue.
Saint Léonard de Noblat : ermite en Limousin du VIe siècle, mort en 559. Le Moyen Age éprouva le besoin de lui donner quelques détails pour lui « faire une vie » : il aurait été filleul de Clovis et saint Rémi en fit un clerc de l’Église. Saint Léonard, issu d’une famille noble franque, quitte la cour et vient s’établir finalement en Limousin dans une forêt qui domine la rive droite de la Vienne. Il y fait construire une chapelle, s’entoure de prisonniers qui défrichent la forêt, commencent à cultiver. Un village naît et de nombreux pèlerins viennent s’installer.
La prison beaucoup plus récente, a été construite de 1836 à 1841 selon le modèle « Pennsylvanien » par l’architecte Louis Lorin. C’est une construction remarquable, unique en Europe, qui lui vaut d’être classé aux monuments historiques depuis 1997. C’est ce classement qui l’a sauvé de l’oubli et sans doute de la destruction. Elle remplace celle des Carmélites qui était insalubre et pas digne d’une société qui venait de promulguer les droits de l’homme et du citoyen (1789).
Voir l’article consacré à l’histoire de la prison de Guingamp
Jean-Paul Rolland, mai 2019
Photos : J.-P. Rolland et J.-P. Colivet