Rue de la Pompe

Rue de la Pompe

rue-de-la-pompeSi l’alignement des maisons et leurs façades n’ont pas beaucoup changé, la chaussée, en revanche, est devenue sinueuse et les trottoirs ont rétréci.

La rue de la Pompe doit son nom au passage de la conduite alimentant la première fontaine (ou pompe) au bas de la place du Centre. Jusqu’à la démolition des remparts, vers 1830, la rue était fermée par la muraille percée d’une étroite porte non fortifiée dite de Montbareil ou de Pontrieux.

À gauche, un marchand de poteries de Pabu propose sa production à même le sol sur la place des anciennes halles, dont les ruines ont été récemment déblayées. Une maison ancienne marque l’entrée de la rue du Pot-d’Argent.

À droite, la première maison est toujours en place, mais sa façade a été complètement modifiée : l’avancée soutenue par des corbelets de pierre a été supprimée et remplacée par un mur « décoré » de fausses poutres en béton, remplaçant peut-être un pan-de-bois en trop mauvais état. Le rez-de-chaussée a été reconstruit en arcades rappelant celles de la maison voisine. En 1906, date la plus proche de celle estimée de ce cliché, il était occupé par le café Grimault, tenu par la mère et ses deux filles, se tenant sur le pas de la porte. Le père, Hyacinthe, était employé de mairie. Au-dessus résidait la famille Combes, adjudant-vaguemestre. Au n° 4, où logeaient 16 personnes, se trouvait la boutique des Thomas. Le père était journalier, la mère blanchisseuse, un fils cordonnier et l’autre jardinier : on voit quelques paniers de légumes posés sur le trottoir. De nos jours, une enseigne plus prestigieuse occupe ces lieux : la rédaction locale du plus important quotidien français, dont vous avez un exemplaire sous les yeux.

Deux lignes téléphoniques

On arrivait ensuite à l’Épicerie Nouvelle de Mme Quilgars, dont le mari était conseiller municipal, puis devant l’imposant immeuble des frères Louis et Émile Julienne, marchands de tissus en gros, qui rayonnaient sur toute la région, en concurrence avec Chareton-Droniou. Ils proposaient rouenneries et lainages, draperies et nouveautés, blancs, toiles, couvertures de laine, flanelle de santé, mérinos et châles. Ils ajoutèrent par la suite à cette activité des ateliers de confection et de bonneterie et une manufacture de chemises qui deviendra l’entreprise Dolmen.

On remarque, sur la première cheminée, un support de fils téléphoniques : à cette époque, dans les villes, les lignes téléphoniques n’étaient pas installées sur des poteaux au sol mais sur des supports fixés aux sommets des charpentes ou, comme ici, sur les cheminées.

Les Julienne disposaient de deux lignes : l’une pour leur commerce (le 25), l’autre à leur domicile (le 33). L’immeuble du 10 était alors réservé au commerce et n’hébergeait aucun occupant.

La famille Julienne venait de se faire construire, par l’architecte Novello, une élégante villa à l’italienne avec balcon, balustrades et mosaïques colorées. Mais l’élément décoratif le plus original est la boule parsemée d’étoiles en relief et d’un méridien. On y reconnaît la représentation de l’une des attractions majeures de l’Exposition universelle de Paris en 1900 : le Grand globe céleste, énorme sphère sur pieds de plus de 60 mètres de haut près de la tour Eiffel. On y accédait par des ascenseurs et des escaliers mécaniques et l’intérieur contenait restau­rant et attractions scientifiques ainsi qu’une salle centrale de 36 mètres de diamètre reproduisant les mouvements du système solaire.

Revenons sur terre pour terminer la visite du côté droit de la rue qui se terminait par les maisons Jaouen, débitant de boissons, Jézéquel, aubergiste, et Turquety, repasseuse.

 

Jacques DUCHEMIN,
pour les Amis du patrimoine,
du Pays de Guingamp
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