Place Saint Michel

Place Saint Michel

place-saint-michelAprès Ste-Croix, nous visitons aujourd’hui un autre vieux faubourg, St-Michel. Séparé de la ville par le Trieux et les remparts, le quartier était à l’origine une trève de la paroisse de Plouisy devenue paroisse indépendante. Rattachée sous la Révolution à la commune de Guingamp, on peut encore discerner dans ce quartier les survivances d’un certain particularisme.

La création de la place St-Michel remonte au début du XIXe siècle, à l’emplacement de l’ancienne église paroissiale, détruite en 1802 en raison de sa vétusté. Nous en connaissons l’aspect grâce aux relevés effectués en 1784 par l’ingénieur Anfray qui mettaient en évidence d’importantes lézardes sillonnant murs et contreforts. En outre, la disparition de l’église et du cimetière qui l’entourait dégageait un espace pour la route de Brest. Côté ville, il fallut attendre 1827 pour que les ponts de bois emportés par une crue soient remplacés par les ponts de pierre actuels. Peu après, la porte St-Michel, dont l’étroit passage était un obstacle de plus en plus gênant pour les transports, disparut complètement à son tour.

La carte postale, dont le cliché date des toutes premières années du XXe siècle, représente la partie haute de la place et le début de la rue du maréchal Foch, nommée à l’époque rue Gordoc’h ; à gauche l’entrée de la rue de la Madeleine. L’aspect général de l’ensemble reste inchangé bien que les maisons du côté gauche aient toutes été modernisées ou reconstruites. Le calvaire, peu visible au pignon de la première maison, a été déplacé de l’autre côté de la rue. Sur son socle, une date incertaine indique son érection dans le courant des années 1870. Un bras de la croix est brisé, laissant le Christ à demi manchot du côté droit.

La rue Gordoc’h était peu commerçante : on peut voir l’enseigne du cabaret Gaury qui partageait une maison avec l’épicerie de la veuve Le Guern. La plupart des autres immeubles ont été construits après l’implantation de la caserne en 1875 et de nombreux officiers y logeaient. La présence de la garnison jusqu’à la Seconde Guerre mondiale apporta une grosse animation au quartier. A droite en montant, mais non visible sur le cliché, se trouvait la gendarmerie.

Un marché aux légumes fut créé sur la place en 1878, mais dix ans plus tard il fut transféré à proximité des nouvelles halles. La plupart des femmes portaient encore la coiffe trégorroise ancienne couvrant entièrement les cheveux avec deux courtes ailes repliées vers l’avant au-dessus des épaules.

 Jacques Duchemin

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