LES ÉCOLES DE GUINGAMP… AUTREFOIS
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Le mois de septembre ramène, chaque année, la « rentrée des classes», et les élèves anciens et nouveaux prennent ou reprennent le chemin de l’école. Il en est ainsi depuis bien longtemps… depuis qu’il y a des écoles. Depuis quand a-t-il des écoles à Guingamp, des écoles qui servent aux enfants de la ville et qui attirent toute une population des environs ?
Question à laquelle il est difficile de répondre de façon précise. Des monastères aussi importants que le mouvement des Dominicains de Montbareil que le couvent des Cordeliers de la Terre Sainte, que l’abbaye Augustine de Sainte-Croix surtout, avaient certainement des écoles, près du monastère, et gratuites pour les enfants du quartier. Il est fort possible que les gens de Sainte-Croix aient puisé, dans l’éducation reçue des religieux ce sens artistique dont ils donnèrent, si souvent et si longtemps, des preuves. Mais, sur leur fonctionnement, nous sommes réduits à nous contenter de quelques bribes de renseignements.
A partir du XVIè nous sommes mieux renseigné : en 1516, au début au règne du roi François 1er, il est longuement question des «escolles» de Guingamp, dans le « Compte des Bourgeois».. « L’Ecolâtre » de Tréguier — traduisez, le directeur de l’enseignement — leur inflige un blâme au sujet de leur négligence en cette matière : ils sont accusés de ne pas prendre soin de leur « école communale », si l’on peut dire, sans craindre l’anachronisme. Trois ans plus tard, ils se débattent dans des difficultés que nous connaissons assez bien : il y a des écoles, il y a des élèves, il ne manque que des maîtres ! C’est probablement à cette époque que la paroisse Saint-Michel (distincte et pour longtemps encore de la Ville Close ) se donna aussi une école et afin que nul n’en n’ignorât, comme on dit administrativement, fit graver en capitales, sur la façade d’un immeuble, l’inscription assez inattendue actuellement : « Schol Mickel » !
En 1566 « la crise du personnel » a l’air d’être surmontée; la ville a gagné deux maîtres : Jean Marchant et Jean Belhom, Il s’agit, bien entendu, de ce qu’on appelait alors les « Petites Ecoles », autrement dit, « l’ensei-gnement du premier degré », de nos jours. Puis apparaissent Yves Le Marrec vers 1585, Henri Borie, Louis Lenepvou, « précepteur de la jeunesse de la ville » 1612-1614 et, en face de son titre, le secrétaire de la. « Communauté de MM les Bourgeois » ajouta en marge : « Principal ». Depuis 1663 ce sera le titre quelque peu ambitieux qui prévaudra jusque la Révolution de 1789. Jean Éveillon, 1614-1621 ne donna pas satisfaction, «il ne se comporte dûment au fait de sa charge ». Puis apparaissent Charles Hacquart dont l’établissement était assez fréquenté pour être obligé de prendre « un second pour l’assister à faire la leçon aux moins avancés ». Et ensuite Missire Pierre Le Bricquer, le premier en date (1627) de ces maîtres ecclésiastiques qui dirigeront l’école jusqu’en 1790 ; Yves Boessy et son neveu Jean Poences dont MM de la Communauté déclarent qu’il a fait « toutes ses humanités soulz les Jésuites, étudié l’espace de six ans dans l’Université de Paris tant en philosophie que théologie » ! Et Jean Poences passe la main à son cousin Jean Boessy, que les Bourgeois acceptent avec quelque réticence, et à condition qu’il répare le logement mis à sa disposition : Missire Pierre Le Guen et Corniart n’ont pas d’histoire, à ceci près que la Communauté alloue un secours de 120 livres au dernier qui est dans la misère. A François Le Bail, on recommande de ne « rien exiger pour l’instruction des enfants». Le dernier de liste J. Beaulard n’eut pas l’heur d’agréer aux rédacteurs des Cahiers de Doléances de 1789 ; à les entendre, les enfants « n’apprennent les éléments de la grammaire française que d’une manière, très imparfaite »… malgré le concours de ses adjointe. Il quittait d’ailleurs la direction de l’école au début de 1791, et, pendant quelques années, l’école végéta, les maîtres changeant au gré des événements. Le directeur de l’école le « Principal » comme on le désigne officiellement, était une manière de personnage. Moins par l’importance de la rétribution — 120 livres par an, ce qui est peu — que par la considération qui s’attachait à ses fonctions : en 1664, on le prie de prendre place à l’assemblée des Bourgeois, au même titre que les vicaires, le sacriste, le chapelain de l’hôpital, et, en 1676, il a voix délibérative qui lui enlèvera l’Arrêt du Conseil Royal du 6 juin 1706. Il le mérite amplement, car sa charge est lourde : classe matin et soir, avec des horaires variables suivant les saisons, comportant une heure par semaine d’enseignement religieux, et des exercices» oraux « tant en public qu’en privé ». De plus il était tenu à la surveillance de ses disciples « aux processions » et surtout à l’église : ce qui, paraît-il, n’était pas de tout repos. Il est vrai qu’outre son traitement modique, on l’a vu, il paraît avoir bénéficié d’une certaine rétribution de la part des parents, mais très aléatoire. Par contre, au moins, depuis 1532, il dispose d’un logement assuré, quitte à lui de l’entretenir : ce pourquoi d’ailleurs la ville lui alloue des subsides quand il s’agit de grosses réparations, par exemple en 1665 où il est besoin de 120 livres, en 1734 de 324 livres et surtout en 1752, où la dépense dépasse 1000 livres pour qu’il puisse y demeurer sans danger ».
Mais précisément, où était située l’école de la ville, ce qu’on appelait si pompeusement le «Collège»? Il semble, que jusque vers 1627, elle était située auprès de la Chapelle Saint-Nicolas, (sur l’emplacement de la nouvelle Poste). C’est ce qu’affirmait, en 1579, la Communauté de Ville : elle avait « là le Collège des Enfants de la ville… elle l’avait fait bâtir, cerner de murailles et planter ». En 1627, le Maire Yves Chaillou, sieur de Kermouster est chargé de traiter avec Messire Jacques Le Corre, sacriste, à 1’effet de louer une « partie de sa maison » : on trouve donc Saint Nicolas trop éloigné du centre de la ville et on veut installer le « Collège» à l’intérieur des murailles. Local fut difficile à trouver. Après Messire Jacques Le Corre, c’est aux religieux de Bégard propriétaires d’un immeuble la «Grande Maison» que l’on s’adresse en juillet 1630, pour qu’ils consentent à louer deux pièces. Enfin vers 1632 les Bourgeois ont acquis un « hôtel » avec cour et jardin sis au sud du « Marché à l’Avoine » – place actuelle du Château- entre le cimetière de la Paroisse Notre Dame, la maison du sacriste et le « mur et cerne de la ville ». Cet ensemble s’appelait autrefois la « Petite Abbaye », parce qu’il avait appartenu aux moines de l’abbaye de Coatmalouen.
C’est là que Missire Pierre Le Bricquer, Principal en titre, installera le «Collège». Il n’était pas luxueux, le « Collège » de Guingamp : au rez-de-chaussée, les classes; à l’étage, la demeure du Principal, à qui la Ville concédait un logement gratuit. Et la vieille bâtisse, à chaque hiver, menace de s’écrouler : en 1734, Messire Quorniart déclare tout uniment que la « longère est en surplomb du côté de la cour », grave danger pour les écoliers. On y remédie aussitôt. Vingt ans après, le Principal, François Le Bail, réclame «différentes réparations… afin qu’il puisse y demeurer sans danger »! Cette fois les réparations durent être de qualité car la dépense s’éleva à 1.000 livres. C’était appréciable… Et la maison ne s’écroula pas, elle résistera encore une cinquantaine d’années, jusqu’au moment où Toussaint Buhot-Kersers, en 1798, la fera démolir en partie et la remplacera par une autre plus confortable et plus spacieuse en homme de goût prisant la tranquillité et les beaux horizons.
Il ne faudrait pas que le terme « Collège » fasse illusion ; il ne s’agit, on l’a vu, que d’une école du premier degré. Il n’y aura pas dans notre ville de véritable établissement secondaire – et encore si modeste – avant 1800. Ce n’est point qu’on n’y ait songé en créer. Un inconnu, en janvier 1700, proposait au Roi de transformer l’abbaye de Sainte Croix en un collège véritable confié aux Jésuites. Les revenus de l’abbaye – 5 à 6000 livres – affirme t’il, seraient affectées au Collège. Les locaux se prêteraient assez bien à cette nouvelle destination. La ville d’ailleurs bénéficierait, dans son commerce, de l’afflux des étudiants, qui ne pouvaient manquer de se plaire, car Guingamp est des plus jolies villes de Basse-Bretagne et qui renferme, par rapport à sa grandeur, le plus d’honnêtes gens. « Notre homme veut dire, naturellement, de gens cultivés ». A la bonne heure ! Et croyons-le sur parole ! Mais tout ceci resta rêve de Pierrette et, longtemps encore, les jeunes guingampais aisés devront aller faire « leurs humanités » à Tréguier, à Saint Brieuc, à Rennes même, « au grand dommage de la bourse des parents ». C’est à peine si le « Principal » de notre collège ou l’un de ses adjoints pourra initier les jeunes aux « rudiments » de la langue latine.
Les familles de Guingamp eurent du moins l’avantage d’avoir pour leurs filles, à partir de 1654, l’école tenue par les Ursulines gratuite pour les pauvres de la ville. Les vestiges imposants nous en disent l’importance. La Révolution chassera les religieuses et fermera l’école sans rien mettre à la place, et il faudra attendre 1834 pour que soit construit, place du Château, la nouvelle école de filles dont les religieuses de la sagesse voudront bien prendre la direction.
En 1866 « la crise du personnel » à l’air d’être surmontée ; la ville gagne deux maîtres ; Jean Marchant et Jean Belhom. Il s’agît, bien entendu, de ce qu’on appelait alors les « Petites Ecoles », autrement dit, «l’enseignement du premier degré », de nos jours. Puis apparaissent Yves Le Marrée vers 1585, Henri Borie, Louis Lenepvou, «précepteur de la jeunesse de la ville» 1612-1614 et, en face de son titre, le secrétaire de la « Communauté de MM, les Bourgeois » ajouta : « Principal ». Depuis 1663 ce sera le titre quelque peu ambitieux qui prévaudra jusque la Révolution de 1789. Jean Eveillon. 1614-1621, ne donna pas satisfaction, il ne se comporte dûment au fait de sa charge ». Puis apparaissent Charles Hacquart dont l’établissement était assez fréquenté pour être obligé de prendre « un second pour l’assister à faire la leçon aux moins avancés ». Et ensuite Missire Pierre Le Bricquer, le premier en date 1627 — de ces maîtres ecclésiastiques qui dirigeront l’école jusqu’en 1790 ; Yves Boessy et son neveu Jean Poences dont MM. de la Communauté déclarent qu’il a fait « toutes ses humanités soulz les Jésuites, étudié l’espace de six ans dans l’Université de Paris tant en philosophie que théologie » Jean Pôencês : passe la main à son cousin Jean Boessy, que les Bourgeois acceptent avec quoique réticence, et à condition qu’il répare le logement mis à sa disposition : Missire Pierre Le Guen et Corniart n’ont pas d’histoire, à ceci près que la Communauté alloue un secours de 120 livres au dernier qui est dans la misèrc. A François Le Bail, on recommande de ne «rien exiger pour l’instruction des enfants ». Le dernier en date n’eut pas l’air d’agréer aux rédacteurs des Cahiers de Doléances de 1789 ; à les entendre, les enfants n’apprennent les éléments de la grammaire française que d’une manière très imparfaite »… malgré le concours de ses adjoints. Il quittait d’ailleurs la direction de l’école au début de 1781, et, pendant quelques années, l’école végéta, les maîtres changeant au gré des événements. Le directeur de l’école — le « Principal » — comme on le désigne officiellement, était une manière de personnage. Moins par l’importance de la rétribution — 120 livres par an, ce qui est peu — par la considération qui s’attachait à ses fonctions : en 1664, on le prie de prendre place à l’assemblée des Bourgeois, au même titre que les vicaires, le choriste, le chapelain de l’hôpital. En 1676, il a voix délibérative que lui enlèvera l’Arrêt du Conseil Royal du 6 juin 1706. Il le mérite amplement, car sa charge est lourde : matin et soir, avec des horaires variables, une heure par semaine d’enseignement religieux, et des exercices oraux « tant en public qu’en privé». Il est vrai qu’outre son traitement modique, on l’a vu, il paraît avoir bénéficié d’une certaine rétribution de la part des parents, mais très aléatoire. Par Contre, an moins, depuis 1632, il dispose d’un logement assuré, quitte à lui de l’entretenir : ce pourquoi d’ailleurs la ville lui alloue des subsides quand il s’agit de grosses réparations, par exemple eu 1665 où il est besoin de 120 livres, en 1731, de 324 livres et surtout en 1752, où la dépense dépasse 1.000 livres pour qu’il puisse y demeurer sans danger ».