54 rue du Grand Trotrieux (Résistance)
Le profil de la rue du Grand-Trotrieux a été modifié, suite à la démolition de l’une de ses maisons portant le numéro 54.
Si, de ce fait, la circulation est plus aisée à ce niveau, en contrepartie, Guingamp perd, par l’arasement de cette petite maison, l’un des lieux-clé de la résistance guingampaise et du réseau « Shelburn », pendant la guerre 1939-1945.
Habitée à l’époque par Mme Chareton et son fils, André, elle a en effet servi de cadre à 22 aviateurs alliés, anglais, américains et canadiens, de 1943 à 1945. Sans compter les résistants blessés et membres des services de renseignement de passage.
André Chareton, désormais retraité à Ploumagoar, a, du reste, gardé des contacts avec certains de ces anciens aviateurs alliés.
Par le train
« C’est en novembre 43 que nous avons accueilli les premiers alliés », se souvient-il. « Ils venaient de Gourin et Plouray par le train de Carhaix ». De la gare, André Chareton les conduisait jusqu’à son domicile, empruntant la rue aux Chèvres, la place des Cochons, puis l’escalier Saint Jacques.
Réseau « Shelburn »
Arrivés là, Mme Chareton entrouvrait la porte. Ils n’avaient plus qu’à se glisser dans la maison. Le numéro 54 de la rue du Grand-Trotrieux se situait en effet en face des dits escaliers mais aussi dans une rue particulièrement fréquentée par les Allemands : aux extrémités, la maison close et une crêperie réservée aux occupants.
« Ils ne supposaient sans doute même pas que des aviateurs puissent être cachés là », commente André Chareton. Pourtant, la maison sera perquisitionnée par deux fois. Par chance, il n’y avait personne. Séjournant là quelques temps, les alliés étaient ensuite évacués vers la « maison d’Alphonse » à Plouha, d’où ils regagnaient l’Angleterre.
La maison des Chareton comme celte des Lanoë, rue Châteaubriand et des Laurent, rue la Trinité constituaient donc des étapes du réseau « Shelburn » mis en place en 1943 pour venir en aide aux aviateurs alliés abattus sur le territoire français.
Le groupe de Guingamp rassemblait, outre André Chareton, Mathurin Branchoux (chef du groupe), François Kérambrun, Georges Le Cun et Fernand Trochel.
À cette époque, au dernier étage de la maison occupée Mme Chareton et son fils un tailleur qui fut tout surpris d’apprendre ces faits, après la Libération.
La maison qui empiétait sur la chaussée a été détruite, pour laisser place à petit parking.
Jean-Paul ROLLAND
Source : Ouest-France