Vitrail de la guerre de 1870

Vitrail de la guerre de 1870

 

Le Peintre-verrier :

François Fialeix (09/02/1818 – 21/03/1886)

vitrail 1

 

François, dont les parents sont d’origine auvergnate2 est né à Sèvres le 9 février 1818, il rentre à la Manufacture Royale à l’âge de 12 ans. Ses qualités artistiques sont rapidement remarquées. Dix ans plus tard, son professeur, M. Roger, à la demande de l’administrateur, propose le jeune artiste pour le chantier du Mans : « Je n’ai trouvé d’autres moyens pour vous prêter les secours que vous réclamiez de l’établissement de Sèvres, que de vous offrir un de nos jeunes artistes qui, élève de l’atelier de peinture sur verre depuis 10 ans et avec du talent d’artiste, parfaitement au courant du procédé de l’art tel que l’acquisition du verre de couleur, des couleurs, des peintures, de leur emploi, de leur cuisson, de la direction des coupes et de la mise en plomb. La Manufacture ne pourrait se passer de ce jeune travailleur que pendant trois ou quatre mois … » (Fin de citation).

  • C’est le peintre-verrier dont les œuvres sont les plus nombreuses dans l’église de Guingamp malgré les destructions du transept Sud (dégâts causés par la chute de la flèche et des huit tirs lors de la libération de Guingamp, le 7 août 1944).
  • Mme Nicolle Piétrin3 de Mayet réalise un travail fantastique qui permet de découvrir l’artiste. Dans l’étude des vitraux de la Basilique de Guingamp j’utilise le fruit de nos échanges.

 

 

portrait 1Le séjour dans la Sarthe de François Fialeix de la Manufacture Royale de Sèvres, devait être de courte durée, mais l’engouement local pour sa première réalisation, la restauration de la verrière Saint-Julien de la cathédrale du Mans à la demande de l’architecte diocésain et départemental Pierre-Félix Delarue (1795-1873 – Photo ci-jointe), en décida autrement.

Il est certain que le travail de très grande classe que le jeune peintre- verrier effectua dans la cathédrale est à qualifier d’exceptionnel.

François Fialeix ne repartit pas pour Sèvres, et en s’associant à René Chatel,  jeune  professeur  de  dessin  manceau  qui  comme  lui  fut  formé  à  la Manufacture Royale de Sèvres, il fonde la Manufacture du Mans, premier atelier manceau de peinture sur verre où l’on compta plus de cent ouvriers.

portrait 2Malgré sa démission de la Manufacture de Sèvres, François Fialeix restera en contact avec M. Alexandre Brongniart (1770-1847 – Photo ci-jointe), l’administrateur, avec qui il entretiendra d’excellentes relations après son installation dans la Sarthe.

 

L’atelier de Mayet

 En 1847, François Fialeix quitte Le Mans et installe son atelier à Mayet, ville natale de sa future épouse4. Mayet est à l’époque un petit bourg très agréable, situé au Sud du Mans. Il s’établit dans une maison, appelée l’Huilerie, nouvellement construite par son futur beau-père, M. Fournier.

1848, fut l’année de son mariage, mais aussi l’année de son entrée dans la loge maçonnique du Mans appelée  »Loge des Arts et du commerce » qui fermera sur décision gouvernementale le 12 décembre 1851. Ses amis maçons exilés Outre-manche et particulièrement à Jersey ne l’oublieront pas et lui passeront des commandes quelques années plus tard.

La vie municipale

 En février 1853, il est élu second adjoint au maire de Mayet. Le 25 juin 1855, il est désigné maire par l’Empereur. Il restera à ce poste presque 20 années.

Il se retire des fonctions de maire en 1874, mais reste néanmoins au conseil municipal jusqu’à sa mort, le 21 mars 1886.

Outre ses grandes capacités de chef d’entreprise et d’artiste verrier, il participa activement à l’essor de Mayet, transformant ce petit bourg en un chef lieu de canton de 3771 habitants en 1857, (3194 en 20115). L’aménagement du centre ville de Mayet fut réalisé sous ses mandats de maire où Il dota la commune d’une nouvelle mairie, d’une grande place et de l’église Saint Martin donnant un nouveau cachet à la petite cité.

La vie de l’atelier

François Fialeix a dû faire face, à Mayet comme au Mans à une concurrence locale et régionale très rude. Cependant il a su tenir grâce à la pratique de tarifs abordables pour les communes les plus démunies.

D’après les sources de Mme Sandrine Postrzech, l’atelier de François Fialeix  crée de 1840 à  1886 quatre vingt huit vitraux dans la Sarthe et fait des restaurations pour cinquante édifices religieux sarthois. En outre il produit également pour quinze départements, essentiellement de l’Ouest de la France, exporte ses vitraux à l’étranger, à New-York, en Espagne, en Suisse, à Jersey et à Montréal.

François Fialeix pratique surtout le vitrail-tableau, procédé né avec le XIXème siècle sous l’impulsion de l’ingénieur et directeur de la Manufacture Royale de Sèvres, Alexandre Brongniart. Pour produire ses œuvres, François Fialeix, peintre sur verre va s’associer et s’entourer de précieux collaborateurs. (Professeur de dessin, cartonniers, architectes…).

L’aide et l’amitié que lui apporta l’architecte diocésain et départemental, Pierre-Félix Delarue, lui furent précieuses. La grande entreprise qui renforça les liens entre les deux hommes fut cette vaste campagne de réalisation des calques des vitraux anciens de la cathédrale Saint-Julien. Pour Delarue, il s’agissait de préparer de futures restaurations tandis que Fialeix se voyait ainsi offert l’opportunité d’étudier, dans les meilleures conditions possibles, l’art de ses prédécesseurs. Le fait est important. En effet, le courant néo-gothique, fort populaire alors, imposait des références médiévales totalement étrangères à la formation que reçut François Fialeix à Sèvres.

L’atelier du peintre-verrier et la Manufacture de Sèvres entretinrent des liens très amicaux. Mais pas seulement, les équipes de François Fialeix exécutèrent des tests et expériences sur verre à partir de recettes inventées sur des émaux à Sèvres et transmises par M. Brogniart. Ce travail permit une qualité de couleur unique dite de « Sèvres » dans les réalisations de l’atelier de Mayet.

portrait 3Mme Nicolle Piétrin souligne l’existence de vitraux signés  »Fialeix à Sèvres », créés longtemps après son installation au Mans, commandes reçus par Mr Brogniart.

(Photo de Mme N. Piétrin – ci-jointe)

Seule une organisation stricte du travail, des locaux et des prix abordables ont permis à François Fialeix de résister à la concurrence et de maintenir une  »industrie locale »… De plus le développement de son atelier prouve l’adaptation de l’artiste aux exigences de la clientèle, de l’édifice et du nouveau goût de l’époque pour le vitrail-tableau. Les réalisations des ateliers Fialeix couvrent d’une toile d’araignée la carte de France.

Anne, l’épouse de François, travaille aussi à l’atelier et se spécialise dans le dessin des visages.

(Photo de Mme N. Piétrin – ci-jointe)

Cette une artiste de grand talent.

A  son  imagination  artistique  personnelle       elle  ajoute  des  visages inspirés des images d’Epinal diffusées par l’Eglise (ex : Le Pape Pie IX diffusé pour le dogme de l’Immaculée conception) ou des reproductions issues de catalogues édités pour les expositions universelles.

En 1870, les dessins, les toiles d’artistes et la carte postale sont une  véritable mine d’exemples.

Anne aime représenter St Joseph sous les traits de son époux6.

D’autres vitraux, créés sur le même thème, pour d’autres églises à travers le monde par  l’atelier mayetais, servent aussi de modèles. Le vitrail du vœu de la guerre fut réalisé à partir d’un carton de M. Liboire Oudin, cartonnier de l’atelier de Mayet dans les années 70.

Le vitrail du vœu de la guerre 1870

Très dégradé, cassé et « rafistolé » de bouts de ficelle et de planches… le vitrail antérieur dédié à Saint Loup de Sens tombait en lambeaux et fut démonté. Le remplage libre servit à la nouvelle réalisation.

Situé sur la façade septentrionale, lieu où le soleil n’apparaît jamais, ce vitrail est idéalement placé près de la porte Ste Jeanne. (‘’Heures sombres’’).

Il est toutefois surprenant de trouver à Guingamp un vitrail relatif à la guerre de 1870. Il est un des rares vitraux de ce type en Bretagne. Notre région ne fut point le théâtre de l’invasion militaire prussienne. Certes le ‘’vœu de la guerre’’ prononcé initialement à Guingamp donna un certain poids à cette initiative, mais cela suffisait-il à la création d’un si grand vitrail ?

Les archives paroissiales, du troisième quart du 19e siècle, rédigées sous l’excellente plume de l’abbé François Louis Michel Meaupied7, vicaire de la paroisse (né et inhumé à La Poterie 22) laissent entrevoir l’engouement que ce dernier déploya à recruter des volontaires de la région guingampaise pour  renforcer les rangs des zouaves pontificaux. Son passé au Romain et ses nombreuses relations vaticanes servirent activement à ce recrutement.

Il ne faut pas oublier le contexte particulier de Guingamp.

  • Le Pape Pie IX a offert, en 1857, à Notre-Dame de Bon-Secours, les couronnes royales,
  • L’abbé Meaupied (Monsignore) a joué un rôle primordial dans l’aboutissement de ce dossier,
  • La situation du Vatican face aux libéraux est très délicate dans ce troisième quart du XIXème siècle.

Ce concours d’éléments constitue un ensemble de raisons suffisantes et déterminantes à l’engagement guingampais.

Il n’est pas pensable d’abandonner le Saint Père face aux « ennemis de l’Église ». Ce Pape qui a fait du sanctuaire guingampais le plus grand et le plus beau de Bretagne (1ère statue de la Vierge couronnée en Bretagne et 6ème de France et fait très rare les couronnes vinrent de Rome offertes par le chapitre du Vatican). Il faut donc lui apporter l’aide et les bras nécessaires.

Grâce au démarchage du zélé vicaire de Notre-Dame, l’abbé Meaupied, de nombreuses familles issues de l’Ancien Régime et de la bourgeoisie de la région guingampaise vont offrir un fils aux armées vaticanes, les zouaves pontificaux. Ces mêmes combattants vont se retrouver quelques années plus  tard face aux troupes prussiennes sur le front d’Auvours.

Le vitrail.

 Rappel : Il était essentiel de connaître le verrier avant de lire le vitrail. La représentation des combats n’est pas le fruit d’une imagination artistique où le cartonnier donne libre court à son inspiration, comme on représente une scène biblique ou apocryphe.

La proximité de l’atelier de Mayet des combats de la bataille du Mans, en janvier 1871, en fait un reportage, un sujet maîtrisé.

La réalisation de ce vitrail a profité conjointement de la connaissance historique du conflit (le terrain des opérations militaires) et du vœu guingampais vécu par les commanditaires du conseil de fabrique.

La verrière se lit de bas en haut, chaque situation présente un tableau différent mais complémentaire aux précédents, comme se construit une histoire à épisodes.

Partie inférieure:

cartoucheUn cartouche contient les écritures suivantes,

 Ont succombé glorieusement pour Dieu et la Patrie ATE Du CLESIEUX, CHARLES DE LA NOUE, LES DEUX COUSINS DE LA BEGASSIERE, LE JUGE DE KERDANET, MONSIEUR LE GOASTER, ANGE  LE  POMMELEC,  LES  TROIS  FRERES  MERLIN,  PIERRE  BELLEC,  DE     COASMADEUC, FESTON et autres pieux et vaillants bretons.

Cette épitaphe indique clairement que ce vitrail est offert en Action de grâces à Notre-Dame de Bon-Secours de Guingamp pour les valeureux combattants guingampais morts au champ d’honneur et pour sa protection de la ville et de la Bretagne de l’invasion prussienne.

Sous le cartouche le nom du peintre verrier  »FIALEIX », la représentation de la médaille de la Légion d’Honneur dont il fut fait chevalier en 1873 et la date de création du vitrail « 1873 » complètent les inscriptions.

Les 3 tableaux supérieurs

 De bas en haut, le vitrail relate l’histoire du vœu de la guerre de 1870 dans un ordre chronologique.

1)   Le curé en chaire

chaire

 Devant deux vicaires agenouillés sur de beaux coussins rouges et une assemblée de fidèles aux mines sombres, agenouillés à même le sol, Messire Auguste Marie Chatton8, curé de Guingamp de 1866 à 1871, en chaire, implore le 8 décembre 1870, la protection de Notre-Dame et lui demande son intercession pour que la Bretagne ne soit pas envahie par les hordes prussiennes. Cette initiative du  curé de Guingamp fut par la suite renouvelée dans d’autres sanctuaires bretons et intitulé « Le vœu de la guerre ».

Nota : Remarquons les tentures murales, l’église en était largement décorée au XIXème siècle, elles étaient réalisées par de grands ateliers parisiens9. Les dernières poses datent de 1867 (Triduum en l’honneur de La Bienheureuse Françoise d’Amboise – Factures aux archives paroissiales).

« Le vœu de la guerre » fit tache d’huile et après Guingamp, de nombreuses autres paroisses à travers la Bretagne réunirent des fidèles pour supplier la Vierge Marie d’intercéder en leur faveur devant la crainte des troupes prussiennes dont on colportait les pires exactions.

2)   La France symbolisée par une Marianne en larme dans un décor apocalyptique

france 1 france 2

france 3 france 4

 Une armée décimée, des soldats blessés ou à terre, un autre frappé par les balles ennemies s’écroule, des chevaux basculent en arrière, une sœur infirmière en cornette panse un blessé, un autre les yeux hagards tient une croix à la main tandis qu’un prêtre lui donne l’extrême onction, l’étendard bleu, blanc et rouge est en lambeau, une  »Marianne » au manteau bleu parsemé d’étoiles d’or, est en pleurs et se  cache les yeux d’une main refusant de regarder cette scène apocalyptique, de l’autre elle tient une épée à la lame brisée…

Des scènes de ce type, les archives de la guerre de 1870 en regorgent. En cette tragique page de l’Histoire, la carte postale est déjà un moyen de communication, de nombreuses éditions sont publiées où s’associent désolation, morts et ruines.

Des peintures, une multitude de dessins (exemple : les fameux dessins de Bombled) et même des vitraux décrivent l’horreur d’une guerre dont les quelques chiffres indiqués ci-dessous donnent  un aperçu :

Cette guerre aura coûté aux allemands : 47 000 morts soit 14% des effectifs, dont la moitié est morte de maladie, 128 000 blessés, 100 000 malades.

Elle aura coûté au français : 139 000 morts au combat ou de maladie, 143 000 blessés.

Le traité de paix fut signé le 10 mai 1871 à Francfort. La France devait verser 5 milliards de francs, céder l’Alsace et une partie de la Lorraine; les départements servant de gage à la dette française furent libérés au fur et à mesure des versements. Les derniers versements furent versés en septembre 1873 et les derniers allemands quittèrent le territoire français.

La scène du vitrail – rappels historiques

 En fonction de la présence de Marianne et du drapeau tricolore à la hampe à la pique révolutionnaire, il ne peut s’agir d’une bataille engageant les forces de l’Empire. L’empereur a été déchu le 4 septembre 1870, deux jours après la bataille de Sedan.

Rappelons-nous les emblèmes napoléoniens « Depuis Rome, l’aigle est l’emblème impérial. Napoléon l’adopta et le fit placer sur la hampe des drapeaux de son armée (remplaçant les piques révolutionnaires qui avaient succédé aux lys royaux) Il fut logiquement repris au Second Empire. »

Contrairement à ce que j’ai pu lire dans des parutions locales, ce tableau ne peut en aucun cas représenter la bataille de Sedan, mais un engagement ultérieur des troupes républicaines.

La fin de 1870 et le début 1871 furent marqués de capitulations successives des grandes villes françaises. Les exemples ne manquent pas.

François Fialeix est installé à Mayet au sud du Mans dans la Sarthe où il occupe outre ses fonctions de directeur de l’atelier, celle de maire pendant plusieurs mandats du 25 juin 1855 à 1874, puis conseiller municipal jusqu’à sa mort le 21 mars 1886.

En 1873, date de création de ce vitrail, Il a obligatoirement connu la célèbre bataille d’Auvours : Le 12 janvier 1871, la deuxième Armée de la Loire commandée par le général Chanzy est battue au Mans et bat en retraite vers la Mayenne. Dans les combats livrés autour du Mans du 6 au 12 janvier 1871, les allemands engagèrent 75000 hommes, ils eurent 200 officiers et plus de 3000 hommes hors de combat. Sur un effectif de 90 000 hommes, l’armée française perdit environ 6000 hommes et 20 000 prisonniers. Ce fut une défaite décisive.

Les souvenirs du sous-lieutenant Guillou de la bataille d’Auvours ne laissent aucun doute subsister :  « Les évacuations du Capitaine de Clezieux et le lieutenant de la Noué, sur l’Ambulance Ste-Croix au Mans où ce dernier meurt le 16 Janvier ; le même sort était réservé au Capitaine de Clézieux, transféré à St-Brieuc le 10 Février et le 28 Février la ville de St-Brieuc fit à ce glorieux soldat, de triomphales funérailles d’après un des journaux de la localité. » (fin de citation)

 La présence des patronymes Du Clézieux et De la Noué dans le cartouche du vitrail confirme que le tableau  du  vitrail  représente  sans  aucun  doute  possible  la  bataille   d’Auvours,   près   du Mans, considérée comme un des plus brillants fait d’armes. Le prêtre près du soldat blessé à la poitrine pourrait être l’abbé Fouqueray cité par M. H. de la Touanne.

Des peintres comme Jean-Louis Ernest Meissonnier ou Lionel Royer ont représenté des scènes très ressemblantes à ce vitrail. D’autres écrits sur cette bataille confirment cette hypothèse.

H. de la Touanne relate la bataille10 :

« ... Là, tombèrent bien des zouaves11 et plusieurs officiers. Le général Gougeard eut son cheval percé de six balles, mais le commandant de Montcuit et le capitaine Lallemant étaient toujours en avant. On vit alors des actes de courage admirables. Le capitaine de Bellevue tombe, un jeune prêtre du Mans, l’abbé Fouqueray s’élance pour l’assister et il est tué sur le corps même du capitaine. Autour de lui tombèrent également les capitaines Du Bourg et Belon, les lieutenants Le Bailly, Garnier, Benoist, Bonvallet. Les mobiles des Côtes-du-Nord12sont aussi éprouvés, leurs six officiers, MM Groazel, du Clezieux,  de la Noue, Le Treust, Guillon, Le Corguillet, sont tués ou blessés. Sur 320 hommes composant  la 1e et la 5e compagnie, 110 seulement restent debout et plus un officier! Le 10ème chasseurs à pied, les mobilisés sont aussi décimés, mais le sommet est à nous... »

Récit d’un zouave pontifical:

« …En avant, entendons-nous. Nous passons le pont, et tandis que le général Gougeard se lance au galop sur le chemin de Champagné, nous sautons dans les prairies à droite de la route. Nos compagnons des Côtes-du-Nord sont avec nous, le 10eme chasseurs à pied de la 1e division, reste inébranlable dans un pli de terrain et nous appuie. Nous rallions ainsi pas mal de monde. Nous traversons au pas de charge un petit bois de pins et nous voilà gravissant la colline sous une grêle de balles et d’obus. Ce ne fut qu’au sommet, que sur l’ordre du commandant nous ouvrîmes le feu, c’est derrière cette petite ferme des Ramardières que le combat fut le plus acharné… » (fin de citation).

 Jean de Saint Houarnon dans son ouvrage ‘’Noblesse d’hier et d’aujourd’hui’’ indique pour la famille La Nouë (de) : « un volontaire de l’Ouest tué à l’ennemi près du Mans en 1871’ » (fin de citation).

 Nous savons aussi que le département des Côtes du Nord apporta sa contribution à la  défense nationale. Les effectifs engagés furent de 175 officiers et 5504 hommes de troupe, joints aux autres départements bretons près de 60 000 Bretons vont s’enliser et  »pourrir » dans le camp de Conlie près du Mans.

Un document de 18 pages, référencé et estampillé de la Bibliothèque nationale de France intitulé  »Quelques Paroles d’hommage à la mémoire de nos morts – Sit memoria illorum in benedictione. – Que leur mémoire soit en bénédiction.  » édité par l’imprimerie de Hillion (Saint-Brieuc) daté de 1871 d’un auteur anonyme nous donne des précisions qui éclairent la scène du vitrail. On peut notamment relever trois pages (N°8 à N°10) qui apportent des informations nouvelles :

 »Le plateau d’Auvours fut le théâtre sanglant de nos pertes les plus graves. Là succombe le capitaine Grouazel, Un homme de cœur qui ne savait pas reculer en face d’un devoir. Peu de jours auparavant, nous l’avions vu dans son court passage à Saint-Brieuc, et nous avions mieux apprécié encore ce caractère simple et droit, celui du vrai soldat chrétien, capable de tous les dévouements, et s’ignorant lui-même. Là encore, conduisant sa compagnie et la précédant de quelques pas, est frappé le capitaine Augustin Du Clésieux.

Ah! ce n’est pas sans émotion que je prononce ce nom, héréditairement cher à notre ville. Longtemps on espéra la guérison de sa blessure ; car il avait conquis l’affection et l’estime de tous par ses qualités solides de cœur. Il était populaire dans le sens élevé et chrétien de ce mot, populaire par sa bonté et sa simplicité, par sa vie déjà grave et utile aux autres. Qui avait autour de soi des affections plus tendres que lui? Sa vie contenait plusieurs vies qui s’étaient identifiées avec la sienne. Sur sa tête reposaient tant de légitimes espérances ! Hélas ! la mort a tout brisé ; il n’y a plus autour de son souvenir qu’un deuil et des regrets, sans consolation sur la terre. Dieu seul a des remèdes pour ces blessures qui ne se ferment jamais au cœur d’un père et d’une mère. Mais, à côté de ce brillant avenir que le monde lui promettait, Dieu lui en préparait un autre plus digne d’envie : car il est mort avec les sentiments des vrais chrétiens, en acceptant son sacrifice, et en bénissant l’heure de sa délivrance. Sans doute, à la lueur de l’Éternité, il avait compris la vérité de cette parole d’un sage: Ils sont aimés de Dieu ceux qui meurent dans la jeunesse ! En effet, leur âme ne s’est ni flétrie ni lassée aux douleurs et aux amers mensonges de la vie ; ils sont couronnés après leur premier combat !

 Qui nommerai-je encore? C’est là qu’un de nos chers séminaristes, Le Bricon, reçut la blessure dont il mourut quelques jours plus tard. Il n’avait plus celui-là ni père, ni mère, ni parents rapprochés. Seul au monde, il est allé retrouver sa famille dans le sein de Dieu.

 C’est là encore que nous avons perdu le lieutenant Corguillé d’Yffiniac, emporté par la mitraille qui ne le fit pas reculer.

 Est-ce que je puis oublier un des noms les plus historiques de notre Bretagne, Charles de la Noüe,   fils   unique,   lui   aussi;   doué,   lui   aussi,   des   qualités   les   plus   sympathiques?  On l’emporta mourant du champ de bataille. Lorsque le prêtre s’approcha de lui pour le confesser

: « Donnez-moi plutôt la sainte Communion, dit-il : ma conscience ne me reproche rien. Il l’avait, en effet, purifiée la veille de la bataille. — Il y a quelques semaines seulement, nous parcourions, en compagnie de son vénérable père, type d’honneur et de loyauté chevaleresques, de sa mère si profondément chrétienne, ce parc qu’il animait jadis de sa vive gaieté, aujourd’hui désert et silencieux,  au pied duquel les vagues de la mer venaient se briser avec un gémissement qui répondait à celui des cœurs. Ah ! Quelles épreuves cruelles la vie réserve quelquefois à ceux qu’elle traitait jusque-là en privilégiés, et comme la terre est bien nommée la vallée des larmes! Plaignons amèrement ceux qui ensevelissent ici-bas leurs affections et leurs espérances !

 Pourquoi donc tous les noms de nos victimes ne sont-ils pas présents à ma mémoire, comme ils le sont dans le désir de mon cœur ?

 Je prononcerai du moins ceux d’Olivier Morin, dont le brevet de lieutenant ne put être déposé que sur sa tombe ; du sergent Gombault, barbarement exécuté par les Prussiens; du courageux lieutenant de vaisseau Meunier ; du capitaine Primault, qui avait autrefois, dans les concours de notre Université, remporté le prix Legrand, si difficile à obtenir; de M. Duplessis de Grénédan, qui, à l’âge de soixante- quatre ans, s’était engagé comme simple volontaire et se battit à Patay avec la valeur brillante d’une  âme restée jeune ;—il fut décoré sur son lit de mort ;— d’Edouard de la Moussaye, de Matignon, qui n’a pas menti au noble sang de ses aïeux, en abandonnant sa jeune famille pour voler au secours de son pays. Il y a peu de jours, la ville de Guingamp en deuil conduisait à sa dernière demeure le lieutenant Paul de la Bégassière, ce zouave13 héroïque entre les plus héroïques, officier de ce corps qu’il suffit de nommer pour rappeler une de nos plus pures gloires, qui, après avoir versé son sang pour la défense du Chef de l’Église, voila ensuite au secours de la Patrie expirante qu’il eût sauvée, si tous avaient suivi ses exemples. Il mourut comme un saint, après avoir vécu comme un chevalier des siècles de foi.  » (Fin de citation).

Remarque : Cette oraison funèbre confirme une fois de plus le plateau d’Auvours lieu de cette terrible bataille.

Hypothèse : La précision concernant Charles de La Nouë donnée dans le texte ci-dessus, nous permet de rapprocher ce développement à la scène du vitrail où l’on distingue le prêtre (l’abbé Fouqueray) présentant la sainte hostie au soldat agonisant.

Les Extraits des souvenirs du sous-lieutenant Guillou du 6èmerégiment des Mobiles des Côtes-du-Nord (Combat d’Auvours – Bataille du Mans) confirment ces différents récits.

3)   L’intercession de Notre-Dame de Bon-Secours

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A l’angle supérieur droit, dans une très grande clarté symbolisée par des rayons et des volutes dorés en contraste avec d’épais nuages gris, Dieu à l’auréole crucifère, l’orbe à la main gauche14, apparaît dans la nuée et domine le Monde. La vierge couronnée, vêtue d’une grande cape bleue intercède pour que la prière des bretons soit exaucée. Dieu donne sa bénédiction. (Les trois doigts unis de la main droite symbolisent la Ste Trinité, les deux autres la dualité, Vrai Dieu –Vrai homme). Ne porte-t-il pas l’auréole crucifère ?

Il est remarquable de noter dans ce tableau le respect d’une hiérarchie :

  • La troupe prussienne reléguée dans un encart inférieur sous ‘’DIEU’’
  • Les évêques, invités extérieurs à la Bretagne , à l’arrière gauche derrière Notre-Dame
  • Les 2 évêques bretons face à Dieu
  • Le curé de la paroisse (Messire Jean-Marie Robin) au centre
  • Notre-Dame de Bon-Secours (couronnée) à un niveau supérieur
  • Et enfin Dieu au sommet des Cieux qui réalise le vœu

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Cette image mariale est aussi représentée dans la rencontre 15. Dans un riche décor architectural Marie  et Dieu flottent sur un nuage (le Ciel) les détachant du sol (terre des hommes). Quatre saints évêques dont l’un est barbu et un saint prêtre, tous auréolés, accompagnent Notre-Dame dans sa supplication et regardent Dieu16. L’évêque de droite pointe la main vers l’angle inférieur droit où nous distinguons l’armée prussienne sous un ciel noirâtre17.

Contrairement à ce que j’ai pu lire ça et là18, cette armée n’est pas en situation de fuite mais bien au contraire un régiment en rangs serrés, baïonnettes au clair, fait face. Nous distinguons trois soldats Prussiens casqués et montés sur des chevaux au premier plan, ils sont entourés de fantassins, tous portent le fameux casque à pointe et semblent s’impatienter de se ruer à l’assaut. L’armée prussienne victorieuse n’a aucune raison de fuir mais brûle d’envie de se ruer vers la Bretagne…..Sinon que signifie le vœu exprimé dans cette prière ?

Cette image sombre et petite peut expliquer une erreur de lecture au 19ème ou au début 20 ème siècle,  mais aujourd’hui il n’est plus permis de réitérer cette fausse interprétation. Les moyens visuels et photographiques (grossissement – zoom) permettent de voir le détail du vitrail.

 

Le cavalier casqué au centre est très ressemblant par ses fameuses moustaches et le casque à pointe au Prince Otto Von Bismarck tandis qu’un autre à ses cotés pourrait être le Général de Manstein commandant les forces prussiennes (le IXème Corps d’Armée) aux abords du plateau d’Auvours sur Villiers.

Quand aux quatre évêques et au prêtre qui accompagnent Notre-Dame implorant Dieu dans sa majesté, il s’agit du clergé qui présida le couronnement de Notre-Dame le 8 septembre 1857.

Cinq évêques assistèrent à ces festivités, quatre d’entre eux sont décédés en 1873 – date de réalisation du vitrail.

L’unique prêtre présent est le curé guingampais de l’époque, Messire Jean-Marie Robin. Le peintre verrier  a pris la liberté de les béatifier ou de les canoniser (les auréoles) !

  • Mgr Louis-Jean-Julien Robiou de la Tréhonnais ancien évêque de Coutances de 1836 à 1852, originaire de Combourg (Ile et Vilaine) (†1870),
  • Mgr Pellerin évêque de Biblos19 (Liban), in partibus et vicaire apostolique de Cochinchine septentrionale, (†1862)
  • Mgr René-Nicolas Sergent évêque de Quimper (1855 – †1871),
  • Mgr Le Mée évêque de Saint Brieuc et Tréguier de 1841 à †1858,
  • et Messire J.M. Robin, Curé de Guingamp, Belle-Isle et Chatelaudren (†1865).

Seul Mgr de La Hailandière, ancien évêque de Vincennes dans le sud de l’Indiana (USA)20 est toujours en vie en 1873 († 31.5.1882), il ne peut donc être représenté ici.

Le réseau : (sommet du vitrail)

 reseau

nd2Notre-Dame de Bon-Secours couronnée, porte l’enfant Jésus sur le flanc gauche et culmine au sommet du réseau. Cette image est la copie de celle de la bannière de 1873.

De chaque coté, dans deux ajours bleutés, sont présentés les bustes du chanoine Galerne à gauche et de Mgr David à droite. Leur identification est facilitée par l’inscription de leur nom en guise de filet de bordure :  »….GALERNE CHANOINE HONre CURE DE GUINGAMP… »puis au dessus du visage  »E.N. 1873’’.  »DAVID E  DE St BRIEUC » puis au dessus du visage  »E.N. 1873 » l’écriture est parfois dissimulée dans les joints de ciment.

Le chanoine Galerne est représenté vêtu d’un surplis noir à liseré blanc. On distingue des cheveux bouclés châtains.

Mgr David est représenté, cheveux bruns, ondulés, mi-longs, portant des lunettes à fine monture.

Remarque : Il est étonnant de voir ou plutôt de deviner l’abbé Chatton en chaire au tableau inférieur du vitrail et de représenter un autre prêtre au réseau et de citer son nom.

Le dernier conseil de Fabrique auquel assista l’abbé Chatton date du 16 avril 1871 (Séance de Quasimodo). La réunion extraordinaire suivante a lieu le vendredi 15 décembre 1871 toujours présidée par M. Emmanuel de la Bégassière en présence du nouveau curé, l’abbé Galerne.

Le maître verrier honore les autorités ecclésiastiques commanditaires et ceci en fonction à la date de création et de livraison du vitrail qui fut posé entre le 15 juin et le 20 septembre 1873 d’où l’inscription  »EN 1873 » dans les ajours supérieurs latéraux.

Hypothèse : Le maître verrier a-t-il voulu calmer les éventuelles contestations qu’il avait subies à tort lors de la réalisation du vitrail du couronnement posé quelques semaines auparavant, en honorant ici le clergé en fonction à Guingamp lors de la pose du vitrail ?

Ce qui est extraordinaire : Il réussit la prouesse d’y représenter les trois curés qui ont participé et contribué à la restauration des vitraux du XIXème siècle, de 1857 à 1873 : Messires Robin, Chatton et Galerne.

Les bordures

Chaque tableau est agrémenté de bordures encadrant chaque scène d’un décor architectural riche et travaillé. François Fialeix initialement peintre de bordures lors de son apprentissage à Sèvres a gardé cette technique. Il aime enrichir les tableaux de personnages en action par de belles bordures parfois florales mais le plus souvent architecturales.

La bordure architecturale symbolise la Jérusalem céleste. Les scènes ancestrales, bibliques ou historiques sont immortalisées dans un décor céleste.

Les acteurs agissent, vivent et vivront pour l’éternité devant le regard du pèlerin de Notre-Dame ou du visiteur de passage…..

  • 1 d’après la revue historique et archéologique du Maine N° 14 – 1994  »le vitrail en Sarthe au XIXème siècle par Sandrine Postrzech et  »Les Fialeix maîtres-verriers 1840-1900 » par Mme Nicolle Piétrin.
  • 2    Famille issue du lieu-dit Fialeix au hameau de Mazets près de Méallet (Cantal).
  • 3 Mme Nicolle Piétrin de Mayet consacre une grande partie de son temps à répertorier les réalisations de François Fialeix à travers le monde, elle est l’experte des œuvres de M. François Fialeix et de sa biographie. C’est toujours un grand bonheur de partager avec elle les anecdotes qui agrémentent la vie de l’artiste. Son travail est remarquable. Elle s’investit sans compter pour valoriser et transmettre une grande page du patrimoine artistique de Mayet et la connaissance d’un grand artiste mayetais qui mérite d’être valorisé.
  • 4   Fille unique, née Anne Fournier, qu’il épousa le 10/11/1848.
  • 5 wikipedia.org/wiki/Mayet_(Sarthe)#Histoire.
  • 6 La photo d’identité représentant l’artiste au début de l’article est une image de St Joseph sur un vitrail guingampais (abside 1861).
  • 7 Monsignore François Louis Michel Meaupied né à la Poterie, ancien Professeur à la faculté de Théologie de La Sorbonne, Dr es-Sciences en la faculté de Paris, Dr en théologie et en droit canonique en la Haute Unité de la Sapience à Rome, membre de l’académie de Rome, ‘’Prélat du Pape’’.
  • 8   En fonction de la date, il s’agit de Messire Chatton, curé de Guingamp.
  • 9  Ex : M. Muhlmann, tapissier parisien.
  • 10   Http://www.loire1870.fr
  • 11   Les Zouaves pontificaux, sous les ordres du colonel De Charette et sous l’appellation « volontaires de l’ouest ».
  • 12   Le 6ème Bataillon de Mobiles des Côtes du Nord.
    13 L’abbé Meaupied, vicaire à Guingamp, par ses relations au Vatican, eut un rôle très important dans la région guingampaise dans le recrutement des zouaves pontificaux.
    14 Dans l’iconographie occidentale, Dieu portant l’orbe dans la main gauche reçoit le nom de Salvator Mundi (sauveur du monde). [L’orbe (globus cruciger en latin, « globe crucifère »)] Il ne s’agit pas d’une conception de la rotondité de la terre avant l’heure (bien que certains savants grecs aient défendu cette idée et même donné des approximations acceptables du périmètre de celle-ci). Le globe renvoie à l’expression latine orbis terrarum, le cercle des pays, d’où le nom donné à celui-ci. Cette représentation est apparue dès le Vème siècle.
  • 15 Il y a deux ans, par une chance inouïe, j’ai eu l’immense bonheur de retrouver cette bannière de 1873, disparue depuis plusieurs décennies. Après restaurations elle retrouvera son église initiale – la Basilique de Guingamp.
  • 16 La vue de Dieu est réservée aux ‘’habitants’’ des cieux. Ici, les personnages portent tous des auréoles, ils sont donc rentrés dans la plénitude céleste et peuvent donc regarder Dieu.
  • 17 L’abbé Coadic y voit la supplication de la Bretagne dans la personne de ses évêques, (La Bretagne à cette époque avait 5 évêques). Cette explication est hélas reprise régulièrement dans des ouvrages plus récents. J’en fais une autre interprétation que je justifie. Ce vitrail fut réalisé à la même époque que celui du couronnement, par le même atelier.
  • 18 Exemple : Notre-Dame de Bon-Secours de Guingamp de l’abbé Coadic page 36
  • 19 Byblos ou Biblos (appelée Goubla dans les textes cunéiformes, Gebal dans l’Ancien Testament, Giblet pendant les croisades, Jbeil en arabe, et qui veut dire « montagnes », une autre traduction pourrait être « le puits de Dieu », Jib El) est une ville libanaise située à une trentaine de kilomètres au nord de Beyrouth.C’est de la ville de Byblos que provient le nom Bible.
  • 20   Mgr Louis de La Hailandière, ancien évêque de Vincennes en Indiana aux USA, était originaire du diocèse de Rennes.

Patrick Salaün, le 27 juin 2014

 

Annexe

Lieux des combats – situation par rapport au Mans21

annexe 1 

annexe 2    annexe 3

 

annexe 4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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