Les réjouissances autrefois

Les réjouissances autrefois

Les Bateleurs

Le théâtre populaire n’était pas la seule distraction de Guingamp. En plus des fêtes imposées par la réception de quelques grands personnages, les «feux de joie» à l’annonce d’un succès de nos armées, les foires, il y avait encore les «pitreries» des «Bateleurs» qui amusent les badauds et trouvent toujours nombreuse clientèle. Il faut croire que leurs facéties inquiètent l’administration provinciale puisque, le 7 février 1717, le Procureur du Roi est chargé d’écrire à M. de Valincourt, Secrétaire du Gouverneur de Bretagne, le Comte de Toulouse, que ces «bateleurs n’ont point fait représentation pendant le service divin et n’ont rien dit contre les bonnes mœurs, la Religion, ni le Gouvernement»…

Le Saut des Poissonniers

 Il y a également les réjouissances burlesques du «Saut des Poissonniers», le lundi de Pâques au «Poul Béniguet». Obliger les vendeurs de poissons à «sauter dans la fosse de ce nom», à peine de 3 l. 4 s. d’amende, était comme une petite revanche contre les peu scrupuleux marchands qui auraient débité de la marchandise douteuse au temps de Carême.

Le Tir du Papégault

Il y a surtout le «tir du Papégault» qui passionnait littéralement la population au point de lui faire délaisser au moins une fois – en 1682 – le «service divin», ce qui valut une amende de 20 écus au bénéfice de l’Hôpital Général, d’ordre du Duc de Chaulnes. Le concours avait toujours lieu au «Champ Mauroy», devenu le «Champ-au-Roy» appelé ainsi en l’honneur du vainqueur ou «Roi du Papégault», que le Maire, Y. Falléjan, doit faire enclore en 1608. Le vainqueur de la compétition, celui qui abat le «joyau» et «rend la gaule nette», salué du titre honorifique de «Roi», jouit toujours de grands privilèges : ce sont les 25 tonneaux de vin qu’il peut débiter en franchise ; ou les «50 pipes» mentionnées en 1671 ; puis le cortège tumultueux qui le reconduit à son «louvre», chaque «archer» ou «soldat» qui en fait partie, doit être «deubment… équipé» et pourvu d’une… «demye-livre» de poudre ; et encore, la préséance aux processions du Sacre, de la Fête-Dieu, à la tête de ses sujets. Il y a aussi quelques obligations : faire célébrer chaque année une «Messe à notes» ; munir le camp de 12 pots de vin, de 12 pains, pour les officiers et archers avant de commander à la conduite du «nouveau» à son Louvre. Il devait encore «bailler» au vieux Roy, au connétable, au Maire, au miseur de l’année, aux quatre provots, aux enseignes, aux sergents de bande, au greffier (les Officiers du Jeu), deux aulnes de ruban bleu et blanc couleur de la ville, plus, mais une fois seulement, une écharpe d’une aulne et demi, de taffetas bleu ou blanc.

Il en était ainsi en 1671. Mais les privilèges du «Roi» nuisaient au fermier des octrois, du moins celui-ci s’estimait-il lésé. Aussi en appela-t-il, au Conseil Royal en 1737. La Communauté donna procuration au Docteur Desaulnay qui se trouvait à Paris pour soutenir la cause de la ville (26 déc. 1637). Le 28 mai 1638, des lettres royales confirmaient les privilèges de la Communauté.

Prenaient part à la fête, spectateurs ou acteurs, ceux qui étaient inscrits au «rôle» – en ordre en 1762 – : le Roi, l’ancien Roi, le Maire, le Sénéchal, l’Alloué, le Lieutenant, le Prévôt, le Procureur fiscal, le Miseur, le Doyen des anciens Maires et un ancien Maire, 4 Échevins, le Gouverneur de N.D. et celui de l’Hôpital et de l’Hôpital-Dieu, les arquebusiers et «certains autres».

A cette date on était tout près de la suppression du Papegault qu’édicta l’arrêt du Conseil du 7 mai 1770 ; les droits concédés au vainqueur du tournoi étaient transférés aux hôpitaux et serviraient à l’entretien des enfants trouvés.

D’ailleurs, ce dernier point n’était pas pour les Guingampais une nouveauté : le 25 avril 1680, la Communauté avait entériné déjà semblable proposition, sur la recommandation du Duc de Chaulne

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